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EAN : 9782804605315
121 pages
La Renaissance du Livre (31/08/2001)
2.83/5   3 notes
Résumé :

Les plus grands noms de la littérature et de la poésie ont écrit sur le thème éternel qu'est l'Amour.

Gabriel Lefebvre illustre une cinquantaine de poèmes choisis parmi ces illustres auteurs du Moyen Âge à aujourd'hui (Apollinaire, Baudelaire, du Bellay, Brassens, Cocteau, Éluard, Ferré, Marie de France, Gainsbourg, Heine, Hugo, Maïakovski, Prévert, Verlaine ...).

Gabriel Lefebvre célèbre des textes qui ont traversé le tem... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Second cadeau de Cachou lors de notre rencontre à Bruxelles qui ne pouvait que me faire plaisir, un recueil de poèmes d'amour datant du XIIème au XXème siècle intitulé « Les plus beaux poèmes d'amour ». On y trouve des oeuvres de Ronsard, La Fontaine, Hugo, Rimbaud, Eluard, Prévert mais aussi Léo Ferré, Brassens, Gainsbourg….
J'ai décidé de vous en faire partager cinq de siècles et d'auteurs différents. N'hésitez pas à me faire connaître vos favoris, ça pourrait être intéressant de comparer les goûts de tout le monde…

La Gracieuse de Charles d'Orléans (1394 – 1465)
Dieu, qu'il la fait bon regarder
La gracieuse, bonne et belle !
Pour les grands biens qui sont en elle,
Chacun est prêt de la louer.

Qui se pourrait d'elle lasser ?
Toujours sa beauté renouvelle.
Dieu, qu'il la fait bon regarder,
La gracieuse, bonne et belle !

Par deçà ni delà la mer,
Ni sais dame, ni damoiselle
Qui soit en tous biens parfaits telle ;
C'est un songe que d'y penser.
Dieu, qu'il la fait bon regarder !


Stances à Marquise de Pierre Corneille (1606 – 1684)

Marquise, si mon visage
A quelques traits un peu vieux,
Souvenez-vous qu'à mon âge,
Vous ne vaudrez guère mieux.

Le temps aux plus belles choses
Se plaît à faire affront ;
Il saura faner vos roses
Comme il a ridé mon front.

Le même cours des planètes
Règle nos jours et nos nuits :
On m'a vu ce que vous êtes ;
Vous serez ce que je suis.

Cependant j'ai quelques charmes
Qui sont assez éclatants
Pour n'avoir pas trop d'alarmes
De ces ravages du temps.

Vous en avez qu'on adore,
Mais ceux que vous méprisez
Pourraient bien durer encore
Quand ceux-là seront usés.

Ils pourront sauver la gloire
Des yeux qui me semblent doux
Et dans mille ans faire croire
Ce qu'il me plaira de vous.

Chez cette race nouvelle,
Où j'aurai quelque crédit,
Vous ne passerez pour belle
Qu'autant que je l'aurai dit.

Pensez-y, belle Marquise :
Quoiqu'un grison fasse effroi,
Il vaut bien qu'on le courtise,
Quand il est fait comme moi.


Stances galantes de Molière (1622 – 1673)

Souffrez qu'Amour cette nuit vous réveille ;
Par mes soupirs laissez-vous enflammer :
Vous dormez trop, adorable merveille,
Car c'est dormir que de ne point aimer.

Ne craignez rien : dans l'amoureux empire,
Le mal n'est pas si grand que l'on le fait ;
Et, lorsqu'on aime et que le corps soupire,
Son propre mal souvent le satisfait.

Le mal d'aimer, c'est de le vouloir taire ;
Pour l'éviter, parlez en ma faveur.
Amour le veut, n'en faites point mystère ;
Mais vous tremblez et ce dieu vous fait peur !

Peut-on souffrir une plus douce peine ?
Peut-on souffrir une plus douce loi ?
Qu'estant des coeurs la douce souveraine,
Dessus le vôstre, Amour agisse en roi.

Rendez-vous donc, ô divine Amarante,
Soumettez-vous aux volontés d'Amour ;
Aimez pendant que vous êtes charmante,
Car le temps passe et n'a point de retour.


Lorsque tu fermeras mes yeux à la lumière… de Emile Verhaeren (1855 – 1916)

Lorsque tu fermeras mes yeux à la lumière,
Baise-les longuement, car ils t'auront donné
Tout ce qui peut tenir d'amour passionné
Dans le dernier regard de leur ferveur dernière.

Sous l'immobile éclat du funèbre flambeau,
Penche vers leurs adieux ton triste et beau visage
Pour que s'imprime et dure en eux la seule image
Qu'ils garderont dans le tombeau.

Et que je sente, avant que le cercueil se cloue,
Sur le lit pur et blanc se rejoindre nos mains
Et que près de mon front sur les pâles coussins,
Une suprême fois se repose ta joue.

Et qu'après je m'en aille au loin avec mon coeur
Qui te conservera une flamme si forte
Que même à travers la terre compacte et morte
Les autres morts en sentiront l'ardeur !


J'ai tant rêvé de toi de Robert Desnos (1900 – 1945)

J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m'est chère ?
J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en éteignant ton ombre à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante et me gouverne depuis des jours et des années, je deviendrais une ombre sans doute.
O balances sentimentales.
J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps sans doute que je m'éveille.
Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie et de l'amour et toi, la seule qui compte aujourd'hui pour moi, je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venu.
J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme qu'il ne me reste plus peut-être, et pourtant, qu'à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois que l'ombre qui se promène et se promènera allégrement sur le cadran solaire de ta vie.


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J'ai lu ce recueil de poèmes d'amour établi par Gabriel Lefèvre, et j'y ai retrouvé quelques belles poésies que je connaissais déjà. de plus, j'ai fait quelques découvertes comme, par exemple, les vers clairement égrillards de Clément Marot: je les mettrai en citation. Mais j'avouerai qu'une bonne partie des textes retenus m'a déçu: à mon avis, ils manquent parfois de spontanéité et je m'attendais à beaucoup plus de "flamme" amoureuse.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
La Gracieuse de Charles d’Orléans (1394 – 1465)
Dieu, qu’il la fait bon regarder
La gracieuse, bonne et belle !
Pour les grands biens qui sont en elle,
Chacun est prêt de la louer.

Qui se pourrait d’elle lasser ?
Toujours sa beauté renouvelle.
Dieu, qu’il la fait bon regarder,
La gracieuse, bonne et belle !

Par deçà ni delà la mer,
Ni sais dame, ni damoiselle
Qui soit en tous biens parfaits telle ;
C’est un songe que d’y penser.
Dieu, qu’il la fait bon regarder !


Stances à Marquise de Pierre Corneille (1606 – 1684)

Marquise, si mon visage
A quelques traits un peu vieux,
Souvenez-vous qu’à mon âge,
Vous ne vaudrez guère mieux.

Le temps aux plus belles choses
Se plaît à faire affront ;
Il saura faner vos roses
Comme il a ridé mon front.

Le même cours des planètes
Règle nos jours et nos nuits :
On m’a vu ce que vous êtes ;
Vous serez ce que je suis.

Cependant j’ai quelques charmes
Qui sont assez éclatants
Pour n’avoir pas trop d’alarmes
De ces ravages du temps.

Vous en avez qu’on adore,
Mais ceux que vous méprisez
Pourraient bien durer encore
Quand ceux-là seront usés.

Ils pourront sauver la gloire
Des yeux qui me semblent doux
Et dans mille ans faire croire
Ce qu’il me plaira de vous.

Chez cette race nouvelle,
Où j’aurai quelque crédit,
Vous ne passerez pour belle
Qu’autant que je l’aurai dit.

Pensez-y, belle Marquise :
Quoiqu’un grison fasse effroi,
Il vaut bien qu’on le courtise,
Quand il est fait comme moi.


Stances galantes de Molière (1622 – 1673)

Souffrez qu’Amour cette nuit vous réveille ;
Par mes soupirs laissez-vous enflammer :
Vous dormez trop, adorable merveille,
Car c’est dormir que de ne point aimer.

Ne craignez rien : dans l’amoureux empire,
Le mal n’est pas si grand que l’on le fait ;
Et, lorsqu’on aime et que le corps soupire,
Son propre mal souvent le satisfait.

Le mal d’aimer, c’est de le vouloir taire ;
Pour l’éviter, parlez en ma faveur.
Amour le veut, n’en faites point mystère ;
Mais vous tremblez et ce dieu vous fait peur !

Peut-on souffrir une plus douce peine ?
Peut-on souffrir une plus douce loi ?
Qu’estant des cœurs la douce souveraine,
Dessus le vôstre, Amour agisse en roi.

Rendez-vous donc, ô divine Amarante,
Soumettez-vous aux volontés d’Amour ;
Aimez pendant que vous êtes charmante,
Car le temps passe et n’a point de retour.


Lorsque tu fermeras mes yeux à la lumière… de Emile Verhaeren (1855 – 1916)

Lorsque tu fermeras mes yeux à la lumière,
Baise-les longuement, car ils t’auront donné
Tout ce qui peut tenir d’amour passionné
Dans le dernier regard de leur ferveur dernière.

Sous l’immobile éclat du funèbre flambeau,
Penche vers leurs adieux ton triste et beau visage
Pour que s’imprime et dure en eux la seule image
Qu’ils garderont dans le tombeau.

Et que je sente, avant que le cercueil se cloue,
Sur le lit pur et blanc se rejoindre nos mains
Et que près de mon front sur les pâles coussins,
Une suprême fois se repose ta joue.

Et qu’après je m’en aille au loin avec mon cœur
Qui te conservera une flamme si forte
Que même à travers la terre compacte et morte
Les autres morts en sentiront l’ardeur !


J’ai tant rêvé de toi de Robert Desnos (1900 – 1945)

J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m’est chère ?
J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en éteignant ton ombre à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l’apparence réelle de ce qui me hante et me gouverne depuis des jours et des années, je deviendrais une ombre sans doute.
O balances sentimentales.
J’ai tant rêvé de toi qu’il n’est plus temps sans doute que je m’éveille.
Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie et de l’amour et toi, la seule qui compte aujourd’hui pour moi, je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venu.
J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme qu’il ne me reste plus peut-être, et pourtant, qu’à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois que l’ombre qui se promène et se promènera allégrement sur le cadran solaire de ta vie.
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J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m’est chère ?
J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en éteignant ton ombre à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l’apparence réelle de ce qui me hante et me gouverne depuis des jours et des années, je deviendrais une ombre sans doute.
O balances sentimentales.
J’ai tant rêvé de toi qu’il n’est plus temps sans doute que je m’éveille.
Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie et de l’amour et toi, la seule qui compte aujourd’hui pour moi, je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venu.
J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme qu’il ne me reste plus peut-être, et pourtant, qu’à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois que l’ombre qui se promène et se promènera allégrement sur le cadran solaire de ta vie.
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L’union libre (André Breton)

Ma femme à la chevelure de feu de bois
Aux pensées d'éclairs de chaleur
A la taille de sablier
Ma femme à la taille de loutre entre les dents du tigre
Ma femme à la bouche de cocarde et de bouquet d'étoiles de dernière grandeur
Aux dents d'empreintes de souris blanche sur la terre blanche
A la langue d'ambre et de verre frottés
Ma femme à la langue d'hostie poignardée
A la langue de poupée qui ouvre et ferme les yeux
A la langue de pierre incroyable
(...)
Ma femme à la gorge de
Val d'or
De rendez-vous dans le lit même du torrent
Aux seins de nuit
Ma femme aux seins de taupinière marine
Ma femme aux seins de creuset du rubis
Aux seins de spectre de la rose sous la rosée
(...)
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.
Marie, baisez-moi; non, ne me baisez pas,
Mais tirez-moi le cœur de votre douce haleine ;
Non, ne le tirez pas, mais hors de chaque veine
Sucez-moi toute l'âme éparse entre vos bras ;

Non, ne la sucez pas ; car après le trépas
Que serais-je sinon une semblance vaine,
Sans corps, dessus la rive, où l'amour ne démène
(Pardonne-moi, Pluton) qu'en feintes ses ébats ?

Pendant que nous vivons, entr'aimons-nous, Marie,
Amour ne règne pas sur la troupe blêmie
Des morts, qui sont sillés d'un long somme de fer.

C'est abus que Pluton ait aimé Proserpine ;
Si doux soin n'entre point en si dure poitrine :
Amour règne en la terre et non point en enfer.

(Pierre de Ronsard)
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.
Fleur de quinze ans, si Dieu vous sauve et gard',
J'ai en amours trouvé cinq points exprès :
Premièrement, il y a le regard,
Puis le devis, et le baiser après ;
L'attouchement le baiser suit de près ;
Et tous ceux-là tendent au dernier point,
Qui est... Eh quoi ? Je ne le dirai point,
Mais, s'il vous plaît en ma chambre vous rendre,
Je me mettrai volontiers en pourpoint,
Voire tout nu, pour le vous faire apprendre.

(Clément Marot)
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