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Citation de Bookycooky


Gaëlle Josse
Que peut pour nous la littérature, lorsque les temps nous angoissent, en nous faisant craindre pour nos proches et pour nous-mêmes ?

Lorsqu’une menace, à la fois précise et invisible, déroute, suspend nos vies et celles de l’humanité entière ?

Peut-être rien de plus, et rien de moins, finalement, qu’en des temps moins troublés.

Elle nous apporte ce qu’elle nous donne d’ordinaire, joie, exaltation, curiosité, enthousiasme ou déception, agacement ou admiration, réflexion et émotion.

Elle nous emporte loin de nous-mêmes et nous y ramène. Les vies de papier sont parfois aussi proches, aussi vibrantes que des vies de chair et de sang.

Notre appétit de lecture, de découverte, va-t-il se trouver décuplé par le temps devenu disponible à l’envi, par le désœuvrement forcé ?

Je ne sais.

Il faut une vigilance, une tension, un désir pour lire, pour s’immerger dans un texte.

Quel est notre désir aujourd’hui ?

Que l’on puisse vivre à nouveau, sans crainte pour ceux que nous aimons.

Que l’on se retrouve et s’embrasse.

Que l’on marche, que l’on coure.

Que l’on rit et que l’on trinque.

Qu’on se touche.

Qu’on en sorte vivants.

Nous aimerions bien sûr, nous écrivains, être des chamans et de guérisseurs.

Je n’ai pas de certitude.

Mais au fil des rencontres, un mot, un message, une lettre, une carte, une main serrée, une embrassade, me font comprendre qu’écrire n’a pas été vain. Alors, aujourd’hui plus qu’hier ?

Lorsque les situations vécues sont particulièrement aiguës, angoissantes, les mots, les livres nous aident à mieux nommer les choses, ce qui est déjà beaucoup.

Ils nous offrent des fenêtres et des miroirs, des steppes et des océans.

Des bateaux et des tapis volants.

Des champs de blé et des forêts profondes.

Ils sont vivants. Il nous attend comme des amis, avec tout ce qu’ils ont à offrir. Ils attendent qu’on les touche et qu’on les aime.

Comme nous, finalement.
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