Le bus me dépose au village. Je longe ensuite la promenade des Marinières et ses cafés, puis je contourne la citadelle par la passerelle métallique fixée au-dessus de l'eau et des rochers, et j'arrive à la darse. Tout est quiétude ici et à l'automne, dès qu'il fait un peu frais, le patron de la Baleine Joyeuse déroule d'épaisses bâches blanches et installe des colonnes de chauffage au gaz. J'y suis bien, on y connaît mes habitudes, pas besoin comme ailleurs de héler un serveur pressé qui prendra ma commande avec indifférence ou mauvaise humeur ; non, ici, mon petit déjeuner m'est apporté dès que je suis assis. J'ouvre alors mon ordinateur portable, et Enzo se met à vivre. Je lui prête mon âme, mes mots, ma voix, mon souffle. Il est mon golem numérique, mon enfant et mon double.