Le train poursuit son avancée dans la nuit, comme s'il ouvrait la terre droit devant lui, rejetant les ténèbres de part et d'autre de la voie. La nuit est noire, d'un noir dense, serré, d'où toute trace de gris a disparu. De loin en loin le halo clair tracé par les lumières d'une ville devinée, comme un témoignage de vie, ou la possible existence d'une galaxie proche, quelque part dans des espaces interstellaires, et l'idée que les hommes n'ont pas renoncé à l'idée d'exister là, pas encore. Cela dure quelques secondes, puis la nuit reprend possession des espaces brièvement concédés. Le train continue sa course, sans arrêt, avec de simples ralentissements dans des gares inconnues, avec leurs panneaux illisibles, leurs quais grisouilles et leur réverbères transis.