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Critiques de Garabet Ibraileanu (1)
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Adèle, fragments du journal d'Emile Caudrescu

Trois étoiles seulement, c'est pour la traduction (ou pour l'édition, à vrai dire je ne sais pas forcément), qui n'est pas mauvaise dans l'ensemble, loin de là (quelques coquilles et les diacritiques roumains qui passent à la trappe tout de même). Mais en faisant mon petit contrôle habituel lorsque j'ai aussi le texte roumain, je me suis aperçue (et j'ai mes manies, je déteste les coupes dans la traduction, cela ressemble trop furieusement à de l'escroquerie) que le premier mot du roman avait été coupé ! En cette circonstance (c'est la première fois), je me suis dit que (1) il devait y en avoir d'autres et (2) tout le monde devait être absolument sûr que personne ne vérifierait jamais, car même sans connaître le roumain, ça se voit !

De plus, on ne peut vraiment pas dire que le procédé soit neutre : Ibrăileanu avait choisi comme premier mot de son roman (première occurrence dans la traduction minimum vingt pages plus tard) Bălțătești, qui correspond à une ville roumaine réelle, donc inscrit le roman d'une part dans la réalité, d'autre part dans ce qu'on appelle en Roumanie le spécifique national (une jeune nation encore qui s'affirme, et Dieu sait qu'Ibrăileanu exprime son admiration pour de nombreux sites roumains). On peut partager ou pas son point de vue, pourquoi pas évoquer son côté proustien et même mettre en couverture un Monet représentant Trouville, remplacer « Adela » par « Adèle », mais sans ce premier mot, le roman n'est plus tout à fait le même.

Sinon, action minimaliste : à Bălțătești, un été, un homme, Emil Codrescu, de quarante ans retrouve une jeune, Adèle, de vingt ans dont il avait été très proche par le passé et ils flirtent jusqu'à ce que… Le roman prend la forme du journal d'Emil et nous suivons ses interrogations et ses états d'âmes (un peu comme dans Demian de Hermann Hesse avec une histoire bien sûr très différente), qui évoluent au fur et à mesure que le poison de l'amour le gagne. On peut le classer dans les romans de mœurs également, typiquement dans les « novels of manners » (James, Wharton, Hardy, Howells, Proust, etc.) puisque le héros essaye de déchiffrer les manières d'Adèle et des autres, ainsi que de respecter la bienséance. Au moins durant l'entre-deux-guerres, c'était une tendance du roman roumain assez sous-estimée me semble-t-il, laminée par le communisme au moins jusqu'à Gabriela Adameșteanu. Comme évoqué plus haut, la nature et la culture roumaines tiennent également une place importante. Les jeux de point de vue révèlent une certaine subtilité (les personnages hésitent, se contredisent, on ne sait pas si c'est le narrateur autodiégétique, l'auteur, voire un autre personnage, qui parle) et brossent une psychologie, me semble-t-il, assez juste, de la situation. Dans l'ensemble, une réussite presque miraculeuse du romancier, aussi du fait d'une brièveté (moins de 200 pages) salutaire.
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