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EAN : 9782877110570
186 pages
Jacqueline Chambon (30/11/-1)
4/5   5 notes
Résumé :
Sous la forme libre du journal et le ton de la confidence, Garabet Ibrăileanu analyse l'amour d'une exceptionnelle délicatesse de sentiment en même temps que de la plus troublante sensualité qu'Émile Codrescu éprouva pour Adèle. Encore enfant, celle-ci s'éprit, le mot n'est pas trop fort, du jeune célibataire ami de ses parents, qui devint vite le sien. Attirance réciproque et absolue qu'ils retrouveront après une séparation de plusieurs années. Adèle est deven... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Trois étoiles seulement, c'est pour la traduction (ou pour l'édition, à vrai dire je ne sais pas forcément), qui n'est pas mauvaise dans l'ensemble, loin de là (quelques coquilles et les diacritiques roumains qui passent à la trappe tout de même). Mais en faisant mon petit contrôle habituel lorsque j'ai aussi le texte roumain, je me suis aperçue (et j'ai mes manies, je déteste les coupes dans la traduction, cela ressemble trop furieusement à de l'escroquerie) que le premier mot du roman avait été coupé ! En cette circonstance (c'est la première fois), je me suis dit que (1) il devait y en avoir d'autres et (2) tout le monde devait être absolument sûr que personne ne vérifierait jamais, car même sans connaître le roumain, ça se voit !
De plus, on ne peut vraiment pas dire que le procédé soit neutre : Ibrăileanu avait choisi comme premier mot de son roman (première occurrence dans la traduction minimum vingt pages plus tard) Bălțătești, qui correspond à une ville roumaine réelle, donc inscrit le roman d'une part dans la réalité, d'autre part dans ce qu'on appelle en Roumanie le spécifique national (une jeune nation encore qui s'affirme, et Dieu sait qu'Ibrăileanu exprime son admiration pour de nombreux sites roumains). On peut partager ou pas son point de vue, pourquoi pas évoquer son côté proustien et même mettre en couverture un Monet représentant Trouville, remplacer « Adela » par « Adèle », mais sans ce premier mot, le roman n'est plus tout à fait le même.
Sinon, action minimaliste : à Bălțătești, un été, un homme, Emil Codrescu, de quarante ans retrouve une jeune, Adèle, de vingt ans dont il avait été très proche par le passé et ils flirtent jusqu'à ce que… le roman prend la forme du journal d'Emil et nous suivons ses interrogations et ses états d'âmes (un peu comme dans Demian de Hermann Hesse avec une histoire bien sûr très différente), qui évoluent au fur et à mesure que le poison de l'amour le gagne. On peut le classer dans les romans de moeurs également, typiquement dans les « novels of manners » (James, Wharton, Hardy, Howells, Proust, etc.) puisque le héros essaye de déchiffrer les manières d'Adèle et des autres, ainsi que de respecter la bienséance. Au moins durant l'entre-deux-guerres, c'était une tendance du roman roumain assez sous-estimée me semble-t-il, laminée par le communisme au moins jusqu'à Gabriela Adameșteanu. Comme évoqué plus haut, la nature et la culture roumaines tiennent également une place importante. Les jeux de point de vue révèlent une certaine subtilité (les personnages hésitent, se contredisent, on ne sait pas si c'est le narrateur autodiégétique, l'auteur, voire un autre personnage, qui parle) et brossent une psychologie, me semble-t-il, assez juste, de la situation. Dans l'ensemble, une réussite presque miraculeuse du romancier, aussi du fait d'une brièveté (moins de 200 pages) salutaire.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Crise. Paroxysme de la crise. Les symptômes ne permettent plus le doute : un coup de poing au cœur quand elle apparaît ; la paralysie du cerveau quand, par mégarde, elle me touche ; la sensation de sa chaleur physique à distance ; le besoin impérieux, qui dérègle ma respiration, de sentir la pulsation de sa vie ; le culte fétichiste des objets qui lui appartiennent et de tout ce qui la concerne : sa mantille, accrochée à la patère dans l’entrée, me donne des frissons ; sa calligraphie prête à chaque lettre une féminité troublante, et surtout à celles qui montent au-dessus ou descendent sous la ligne ; l’émotion profonde que me fait ressentir le nom de sa propriété terrienne ; le sentiment que tout ce qui n’est pas elle, ou à elle, ou à son cadre de vie, est fade ; la conviction que seule une femme grande, blonde, avec une légère asymétrie de la bouche quand elle sourit peut rendre heureux ; le frisson que me donne le mot « Adèle » (en trouvant dans un catalogue ce prénom, je me suis arrêté comme devant un événement rare) ; la sensation de volupté, provoquée par le mot « Elle » quand je la nomme ainsi, oralement ou mentalement, peut-être parce que c’est le contraire de « Il » et parce que le mot a une allure tellement féminine (la flexion grammaticale met fortement en évidence la charge sexuelle, et fixe l’attention sur la femme jusqu’à l’hallucination) ; la persistance de son image dans ma conscience, illuminée par le bleu de ses yeux – quand je lis, quand je parle avec quelqu’un, quand je pense à autre chose – une sorte de forme a priori de la réflexion, qui jette un voile d’azur sur les pages des livres, sur le paysage, de même qu’on projette partout, où qu’on tourne le regard, le globe du soleil couchant resté sur la rétine ; la perte de ma confiance d’antan, de mon amitié affectueuse pour elle ; le désir brûlant de tout lui sacrifier, et surtout ma liberté ; la terreur que m’inspire la force qui seule peut donner ou ôter la vie ; la disparition totale du passé, annihilé par l’existence d’Adèle, et comme je ne peux placer dans l’avenir aucun projet dont le sujet soit « Elle » – seul objet de mes pensées – la disparition du futur aussi et l’hypertrophie exclusive du présent, mais qui, composé d’actions sans but et sans corrélation dans le temps, n’a que la consistance d’un fantôme aperçu en rêve ; et par-dessus tout, l’étonnement toujours recommencé devant cet événement extraordinaire et incroyable : elle existe !
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Lectură plăcută, reconfortantă: cataloagele câtorva librării străine și un dicționar portativ, cărțile de căpătâi care, împreună cu Diogen Laerțiul, repertoriu de cancanuri și idei antice (amintit adesea de Coco Dimitrescu în „prelegerile" lui nocturne de la Cosman și găsit din întâmplare la un anticar), alcătuiesc biblioteca mea estivală.
Cataloagele - pentru momentele de lirism intelectual. Unele cărți le-ai citit. Ți-aduci aminte și împrejurările. (Era pe vremea...) Câteva... stai la îndoială. Iată una pe care vrei s-o citești de zece ani și nu știi pentru ce n-ai reușit încă, cu toate că o ai în bibliotecă. Pe aceasta, deși ilustră, ai ocolit-o necontenit. De ce?... Câteva, mai interesante, ai să le comanzi cu siguranță. Le însemni cu o cruce. Pe cele mai importante, cu două. De la o vreme observi că ți-ai pierdut forța de inhibiție, și crucile duble devin tot mai dese. Atunci, pe cele „câteva mai importante" le însemni cu trei cruci, care, în curând, încep să-și piardă și ele valoarea selectivă...
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La musique ou bien n'est rien, ou bien s'apparente au sublime, comme tout ce qui a trait aux profondeurs insondables de notre être, comme tout ce qui parachève la douleur de vivre.
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« J'ai été une élève consciencieuse, j'ai essayé, mais franchement, cela ne m'a pas intéressée. » Réponse claire et sévère à ma question sur la littérature roumaine. (…)
Adèle a raison. Il y a dans la littérature roumaine quelques talents remarquables, mais aucune œuvre d'observation, de réelle substance. Or, les femmes ne lisent pas pour le style, mais pour connaître la vie, autrement dit pour se connaître elles-mêmes.
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L’hiver où elle eut la scarlatine, j’ai veillé en tant qu’étudiant en médecine à son chevet et, pendant sa convalescence, je lui ai appris une mélodie qui devait jouer un rôle important pour la suite de nos relations. Gratitude envers son maître ou tout simplement besoin cabotin de faire de l’effet, elle m’accueillait dorénavant en chantant d’une petite voix grêle et monotone : « La dada mada ! » et ne manquait d’ajouter l’envoi : « C’est pour vous ! »
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