Original sur certains aspects, pas du tout sur d’autres, mais en tout cas passionnant
Je tiens à remercier les éditions l’Atalante pour m’avoir permis de lire la version française de ce roman en avant-première.
Il s’agit d’un livre très riche, car mêlant d’une façon habile SF (post-apocalyptique, univers parallèles, et d’autres thèmes ou références dont je ne peux parler sans spoiler) et thriller. Ce dernier aspect est particulièrement réussi (au niveau des rebondissements, des scènes d’action / à grand spectacle et du rythme des révélations, on est sur du haut de gamme), plus, à vrai dire, qu’un aspect SF qui s’il est au final original, ne l’est que parce qu’il combine d’une façon plus ou moins inédite des thématiques ou références SF qui, prises individuellement, soit du déjà vu et revu.
Une autre originalité est, sans doute, de proposer une thématique post-apocalyptique (et même de multiples apocalypses) sans l’aspect pessimiste qui est une marque de fabrique du genre. Et une autre force est le rythme (haletant), la densité stupéfiante de rebondissements et d’informations pour un si petit roman (moins de 400 pages), donnant un peu la même impression que Replay de Ken Grimwood, et enfin d’excellents personnages.
Pour autant, ce livre est loin d’être dépourvu de défauts : le manque d’originalité que j’ai déjà évoqué (sur certains plans), le fait que, pour un vieux routard de la SF, certaines révélations se voient arriver des kilomètres avant, ainsi que certaines maladresses d’écriture, comme une narration assez mono-chromatique ou une façon pas toujours très habile d’apporter au lecteur des informations.
Au chapitre des points ni tout à fait bons ni totalement mauvais, j’évoquerais surtout la capacité de l’auteur à nous faire vivre les émotions des personnages, capacité qui est un peu sur mode courant alternatif : paradoxalement, je ressens plus d’émotions quand le chien d’un des personnages disparaît que quand un autre dit au revoir au « fantôme » de sa défunte femme, une hallucination qui lui a tenu compagnie durant ses années de survie solitaire sur sa Terre morte. Mais bon, par contre, quand le courant passe, il passe carrément (et l’auteur n’a aucun problème à installer une tension dramatique, il est même carrément à son aise pour ça). Et toujours au chapitre des points à double-tranchant, on peut évoquer la surabondance de McGuffin (motivations du protagoniste faisant avancer l’intrigue) qui, si elle alimente un rythme soutenu et des rebondissements passionnants, fait aussi frôler, parfois, l’overdose au lecteur, et ne me paraît pas forcément relever d’une technique narrative élégante ou habile.
Au final, et c’est bien tout ce qui compte, j’ai passé un moment haletant et excellent avec ce roman, et c’est avec une sincère impatience que j’attends la suite (il s’agit d’une duologie). Même si l’univers n’est pas original (du moins pour un vieux routard de la SF comme moi, il en ira probablement autrement pour certains d’entre vous), il est intéressant, et il reste quelques questions passionnantes en suspens après la fin (très réussie, car n’abusant ni du mystère qui plane de façon abusive, ni du cliffhanger facile) de ce tome, que j’ai hâte de voir résolues. Même si, pour être honnête, il manque clairement à Extinction Game un petit quelque chose pour passer du statut de bon roman totalement recommandable à celui de chef-d’oeuvre.
Vous trouverez une version beaucoup plus détaillée de cette critique sur mon blog.
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