La taquinerie est la méchanceté des bons, a dit Victor Hugo. Je passais des heures à trier mes photos, à les annoter avec
les noms, les dates, les occasions. Puis je les rangeais soigneusement comme un trésor.
Je me fabriquais mes souvenirs. J’en ai plein les armoires des photos. Sur certaines,
j’avais encore les cheveux longs. J’ai tout coupé à la mort d’Étienne. J’avais plus
envie de m’enquiquiner. C’était plus de mon âge. Seul Jérôme m’avait un peu réprimandé :
« J’aimais bien quand ils étaient plus longs. »