Geneviève Azam

Il n’y a pas de « soulèvements de la terre » sans l'inclusion des siècles d'esclavage et de colonialisme qui posent les fondations d'un racisme environnemental avec leurs politiques d'extraction, de dépossession, de génocides, de déportation et d'exploitation, ravageant peuples et terres de manière jusque-là inégalée. Des terres sont dévastées, des mines ouvrent grand les veines de la planète, des forêts sont à jamais perdues, des savoirs sont pillés, des villes détruites, des trésors volés, des millions de personnes déportées en esclavage. Les disciplines d'histoire naturelle et de géographie imposent une hégémonie scientifique sur l'espèce humaine et les non-humains. La colonisation post-esclavagiste poursuit cette économie de l'épuisement des corps, des sols, des mers, et impose des codes de lois qui nient le droit à la terre et organise la censure de langues, cultures et pratiques. Des siècles de capitalisme racial, d'impérialisme et de leur inséparable complice, le militarisme, ont construit un monde inhabitable et irrespirable pour des millions de personnes dans le Sud global, mais aussi pour les espèces non humaines.