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Citation de FioH


C'est un spectacle très édifiant que celui du garçon faisant son entrée dans une salle à manger d'hôtel. Au moment où il franchit le seul, une soudaine métamorphose s'opère en lui. D'un seul coup, ses épaules se redressent et toute la crasse, l'irritation et l'énervement accumulés s'effacent comme par magie. Il glisse sur le tapis avec l'onctuosité d'un prêtre se disposant à officier. Je revois encore notre second maître d'hôtel, un bouillant Italien, s'arrêtant un jour devant la porte de la salle à manger pour s'en prendre à un novice qui avait cassé une bouteille de vin. Le poing brandi au-dessus de la tête, en train de hurler (la porte était par bonheur suffisamment capitonnée pour arrêter les éclats de voix ) :
«  Tu me fais chier ! Et tu voulais te prendre pour un garçon, petit saligaud ? Laisse moi rire ! Ça, un garçon ! Mais on ne voudrait même pas de toi pour frotter les planchers du bordel d'où est sortie ta putain de mère ! Maquereau va ! »
Ne trouvant plus de mots assez forts, il se tourna vers la porte et, au moment d'en franchir le seuil, lâcha un vent sonore comme aiment à le faire les Italiens quand ils veulent marquer toute l'étendue de leur mépris.
Puis il s'avança à travers la salle, un plat à la main, évoluant avec la grâce onctueuse d'un cygne. Dix secondes plus tard, il s'inclinait cérémonieusement devant une table. Le voyant faire, on ne pouvait s'empêcher de penser que c'était le client qui devait rougir de confusion à l'idée de se faire servir par un tel aristocrate.
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