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Citation de SZRAMOWO


— Non, me dit-il, je ne saurais m’enivrer de ce qui enivre la jeunesse de mon temps ; et, si je ne découvre pas quelque chose qui me réveille et me passionne, je n’aurai pas de jeunesse. Ne me croyez pas lâche pour cela ; mettez-vous à ma place, et vous me jugerez avec indulgence. Vous appartenez à une génération éclose au souffle d’idées généreuses. Quand vous aviez l’âge que j’ai maintenant, vous viviez d’un souffle d’avenir social, d’un rêve de progrès immédiat et rapide qu’à la révolution de juillet, vous crûtes prêt à voir réaliser. Vos idées furent refoulées, persécutées, vos espérances déjouées par le fait ; mais elles ne furent point étouffées pour cela, et la lutte continua jusqu’en février 1848, moment de vertige où une explosion nouvelle vous fit retrouver la jeunesse et la foi. Tout ce qui s’est passé depuis n’a pu vous les faire perdre. Vous et vos amis, vous avez pris l’habitude de croire et d’attendre ; vous serez toujours jeunes, puisque vous l’êtes encore à cinquante ans. On peut dire que le pli en est pris, et que votre expérience du passé vous donne le droit de compter sur l’avenir. Mais nous, enfants de vingt ans, notre émotion a suivi la marche contraire. Notre esprit a ouvert ses ailes pour la première fois, au soleil de la République ; et tout aussitôt les ailes sont tombées, le soleil s’est voilé. J’avais treize ans, moi, quand on me dit : « Le passé n’existe plus, une nouvelle ère commence ; la liberté n’est pas un vain mot, les hommes sont mûrs pour ce beau rêve ; tu vas avoir l’existence noble et digne que tes pères n’avaient fait qu’entrevoir, tu es plus que l’égal, tu es le frère de tous tes semblables.»
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