Le monde païen était peuplé de petites divinités, malicieuses ou bienveillantes, ailées ou pansues, cachées dans le feuillage et dans les branches, dans les rochers et les rivières. Toujours aux côtés de l’homme, le taquinant, le caressant, elles étaient à sa mesure. Se repaissant de galettes au miel et de viande rôtie. Dieux à l’image de nos désirs. Et même les plus grands descendaient de l’Olympe rendre visite aux mortels, pour faire la guerre ou bien l’amour. Plus puissants que nous, je vous l’accorde, mais abordables et se mettant dans notre peau. Le Juif a balayé tout cela. Il a fait le vide en créant un Dieu lointain, complètement étranger à l’homme et à ses sens. Pas d’image. Pas de représentation concrète. Pas même de fantasmes. Désert plus vide que le désert. Et pourtant si terriblement proche ! Epiant chacune de nos fautes, et sondant le fond de nos cœurs pour en trouver la cause.