Confidences à un inconnu (1996), un film de Georges Bardawil avec Sandrine Bonnaire et William Hurt. Bande annonce.
Le menu qui guérit :
Soupe de Miso
Nukubé de Choux fleurs
Crème de maïs
Boulgour de lentilles
Beignets de sarrasin
Escalope de blé
Infusion de thym
"MACHEZ CINQUANTE FOIS CHAQUE BOUCHEE"
Je jouais distraitement avec le menu du Gir-Za, ce restaurant végétarien de la soixante-seizième Rue, où, comme tous les derniers jeudis du mois, j'attendais ma tante, et les cent dollars qu'elle me distribuait avec la régularité prodigue d'une machine à sous détraquée de Las Vegas.
Les yeux fermés, je fis alors un brin de calcul mental pour compter les kilos de steak qu'on pourrait se payer chez Luigi.
- Quelles sont vos spécialités, mon garçon ?
- Mes spécialités ?
- Disons celles de la maison !
- Ah ! Eh bien, le "Moscow Mule", dit-il.
- Alors, deux doubles Moscow Mule.
Il nous les apporta.
Ce fut mon dernier souvenir de la soirée.
La Loi Unique dont je vous parlais à l’instant, reprit-il, nous enseigne que végétarisme ou carnivorisme ne signifient pas grand-chose en eux-mêmes. L’important est que l’homme trouve les aliments conformes à son milieu. Il y a, si vous voulez bien me suivre, deux principes fondamentaux que nous appellerons : yin et yang – la chose et son contraire – la contraction et la dilatation – la pesanteur et la force d’ascension – le froid et le chaud.
L’hiver est un élément yin, et, pour se nourrir, l’homme devra donc se plier à la loi des contraires et se nourrir, pour atteindre l’équilibre, d’éléments yang, des éléments qui portent en eux-mêmes la chaleur. Les mêmes éléments seraient évidemment néfastes ou, en tout cas, superflus, en période yang, l’été autrement dit.
C’est ainsi que je pense personnellement que carnivorisme et végétarisme ne signifient pas grand-chose.
L’instant d’après, elle était dans mes bras. Elle y sanglota de joie. Et moi, tandis que j’embrassais ses joues humides, je ne pouvais m’empêcher de me demander s’il est possible de se marier sans savoir quelle est réellement la femme que l’on épouse, s’il est possible de vivre éternellement en compagnie d’un doute, si j’allais longtemps me poser la question : Priska, mon Ange, ou Dinah, mon Démon ?
La sympathie entre deux êtres qui est, si vous voulez bien l’admettre, une force d’attraction au même titre que l’aimantation, est fonction de la différence entre leur charge d’activités opposées Autrement dit, votre métier, votre activité réelle s’opposent à la mienne et pourtant m’attirent. C’est la contradiction qui gît en nous et qui est cause de tant de drames.
Après tout, ça ne me regardait pas, ce que faisait cette fille de ses journées. J’étais pas son mari pour lui demander des comptes.
Le monde dont je vous ai parlé est idéal car il ne nécessite aucun artifice humain. Il est à l’image de la philosophie de la spontanéité où tout est parfait. Devant une telle philosophie, les notions de bien et de mal elles-mêmes cèdent le pas à quelque chose de plus important.
Je connais deux choses pour faire d’un homme sain un maniaque de la puissance : le revolver et la voiture, car il suffit, dans les deux cas, d’une petite pression de la main ou du pied pour libérer une force disproportionnée avec le geste dont elle est née.
Il ne suffit pas de savoir une chose pour qu’elle existe pour soi, il faut encore en avoir conscience.
Les ogres de la réalité sont moins grands mais plus cruels certainement que ceux de l’histoire.