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Citation de alzaia




Dans le jeu excédant la nature, il est indifférent que je l’excède ou qu’elle même s’excède en moi (elle est peut-être tout entière, excès d’elle-même), mais, dans le temps, l’excès s’insère à la fin dans l’ordre des choses (je mourrai à ce moment-là).

Il m’a fallu, pour saisir un possible au sein d’une évidente impossibilité, me représenter d’abord la situation inverse.

A supposer que je veuille me réduire à l’ordre légal, j’ai peu de chances d’y parvenir entièrement : je pécherai par inconséquence – par rigueur malheureuse…

Dans l’extrême rigueur, l’exigence de l’ordre est détentrice d’un si grand pouvoir qu’elle ne peut se retourner contre elle-même. Dans l’expérience qu’en ont les dévots (les mystiques), la personne de Dieu est placée au sommet d’un non-sens immoral : l’amour dévot réalise en Dieu – auquel il s’identifie – un excès qui, s’il l’assumait personnellement, le jetterait à genoux, écoeuré.

La réduction à l’ordre échoue de toutes façons : la dévotion formelle (sans excès) conduit à l’inconséquence. La tentative inverse a donc des chances. Il lui faut se servir de chemins détournés (de rires, de nausées incessantes). Sur le plan où ces choses se jouent, chaque élément se change en son contraire incessamment. Dieu se charge soudain d’”horrible grandeur”. Ou la poésie glisse à l’embellissement. A chaque effort que je fais pour le saisir, l’objet de mon attente se change en un contraire.

L’éclat de la poésie se révèle hors des moments qu’elle atteint dans un désordre de mort.

(Un commun accord situe à part les deux auteurs qui ajoutèrent à celui de la poésie l’éclat d’un échec. L’équivoque est liée à leurs noms, mais l’un et l’autre épuisèrent le sens de la poésie qui s’achève en son contraire, en ujn sentiment de haine de la poésie. La poésie qui ne s’élève pas au non-sens de la poésie n’est que le vide de la poésie, que la belle poésie).




P185

Pour qui sont ces serpents … ?

L’inconnu et la mort… sans la mutité bovine, seule assez solide en de tels chemins. Dans cet inconnu, aveugle, je succombe (je renonce à l’épuisement raisonné des possibles)

La poésie n’est pas une connaissance de soi-même, encore moins l’expérience d’une lointain possible (de ce qui auparavant n’était pas) mais la simple évocation par les mots de possibilités inaccessibles.

L’évocation a sur l’expérience l’avantage d’une richesse et d’une facilité infinie mais éloigne de l’expérience (essentiellement paralysée).

Sans l’exubérance de l’évocation, l’expérience serait raisonnable. Elle commence à partir de ma folie, si l’impuissance de l’évocation m’écoeure.

La poésie ouvre la nuit à l’excès du désir. La nuit laissée par les ravages de la poésie est en moi la mesure d’un refus – de ma folle volonté d’excéder le monde – La poésie aussi excédait ce monde mais elle ne pouvait me changer.

Ma liberté fictive assura davantage qu’elle ne ruinait la contrainte du donné naturel. Si je m’en étais contenté, je me serais soumis à la longue à la limite de ce donné.

Je continuais de mettre en question la limite du monde, rayant la misère de qui s’en contente, et je ne pus supporter longtemps la facilité de la fiction : j’en exigeai la réalité, je devins fou.

Si je mentais, je demeurais sur le plan de la poésie, d’un dépassement verbal du monde. Si je persévérais en un décri aveugle du monde, mon décri était faux (comme le dépassement). En un certain sens, mon accord avec le monde s’approfondissait. Mais ne pouvait mentir sciemment, je devins fou (capable d’ignorer la vérité). Ou ne sachant plus, pour moi seul, jouer la comédie d’un délire, je devins fou encore mais intérieurement : je fis l’expérience de la nuit.

La poésie fut un simple détour : j’échappai par elle au monde du discours, devenu pour moi le monde naturel, j’entrai avec elle en une sorte de tombe où l’infinité du possible naissait de la mort du monde logique.

La logique en mourant accouchait de folles richesses. Mais le possible évoqué n’est qu’irréel, la mort du monde logique est irréelle, tout es louche et fuyant dans cette obscurité relative. Je puis m’y moquer de moi-même et des autres : tout le réel est sans valeur, toute valeur irréelle! De là cette facilité et cette fatalité de glissements, où j’ignore si je mens ou si je suis fou. La nécessité de la nuit procède de cette situation malheureuse.

La nuit ne pouvait qu’en passer par un détour.
La mise en question de toutes choses naissait de l’exaspération d’un désir, qui ne pouvait porter sur le vide!

L’objet de mon désir était en premier lieu l’illusion et ne put être qu’en second lieu le vide de la désillusion.

La mise en question sans désir est formelle, indifférente. Ce n’est pas d’elle qu’on pourrait dire : “c’est la même chose que l’homme”

La poésie révèle un pouvoir de l’inconnu. Mais l’inconnu n’est qu’un vide insignifiant, s’il n’est pas l’objet d’un désir. La poésie est moyen terme, elle dérobe le connu dans l’inconnu : elle es l’inconnu paré des couleurs aveuglantes et de l’apparence d’un soleil.

Ebloui de mille figures où se composent l’ennui, l’impatience et l’amour. Maintenant mon désir n’a qu’un objet : l’au-delà de ces milles figures de la nuit.
Mais dans la nuit le désir ment et, de cette manière, elle cesse d’en paraître l’objet. Cette existence par moi mené “dans la nuit” ressemble à celle de l’amant à la mort de l’être aimé, d’Oreste apprenant le suicide d’Hermione. Elle ne peut reconnaître en l’espèce de la nuit “ce qu’elle attendait”.
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