Quels motifs ont poussé Henri IV et ses successeurs à accorder ou à
proroger de si larges secours?
On conçoit bien qu'après 1610 l'exemple du grand ancêtre ait agi puissamment sur l'esprit de ses descendants : Louis XIII « mû du mesme zèle et affection envers l'Église Cathédrale de Sainte Croix d'Orléans, que le feu Roy son Seigneur et Père » veut continuer « cette bonne oeuvre » à son « imitation ». Louis XIV, Louis XV, Louis XVI, se montrent sensibles au même souvenir, qui n'est pas moins efficace, on le comprend, à l'époque de la Restauration. Mais, à l'origine, la faveur royale provint-elle simplement, comme les textes officiels le donnent à croire, d'un calcul politique joint à un mouvement de générosité ? Ou doit-on recourir à une explication plus mystique ?
Une sorte de tradition, depuis longtemps implantée dans la littérature orléanaise, assure qu'Henri IV aurait été lié à la réédification de Sainte- Croix par un « voeu » d'un caractère particulièrement sacré.
Il dut être moins facile, au début, d'élaborer le programme des travaux que d'en arrêter le plan. Par où commencer ? Fallait-il caler d'abord les deux travées de l'ancienne nef, dont l'isolement et la vétusté pouvaient donner de l'inquiétude, ou reconstituer plutôt le choeur afin d'assurer la célébration de l'office divin? Convenait-il de bâtir travée par travée, en menant chaque tranche à sa perfection avant d'entreprendre la suivante, selon la méthode que la pénurie d'argent avait imposée parfois aux constructeurs du Moyen Age? N'était-il pas préférable de dresser d'abord toutes les piles, et de lancer tous les arcs, sur toute la longueur du vaisseau, quitte à terminer ensuite, et peu à peu, les remplissages et les ravalements?
En deux cent trente années, la réédification de Sainte-Croix a bénéficié de subsides assez divers. Mais si la nature des fonds varie, leur origine demeure constante : ils proviennent presque tous de la munificence royale. On ne rencontre qu'un petit nombre d'offrandes privées, faible contribution des sujets à la coûteuse « affaire du roi ».