Le deuxième objet était une sorte de lutrin en bois ordinaire sur lequel était commencé un puzzle. Sur la droite, on y voyait, sur une table de bois brut, la presque totalité d'un vase à moitié rempli d'eau (et de trois tiges auxquelles il manquait encore les fleurs) posé sur ce qui deviendrait probablement un échiquier. Et de l'autre côté un luth retourné sur une partition.
– Tu t'es mise aux puzzles ?
– Comme ça.
– Il me semble que j'ai déjà vu ce tableau.
– Le peintre est inconnu. Mais l'œuvre est célèbre.
– En tout cas, j'aime bien.
– C'est une nature morte, Paul. Un peu comme moi.
D'accord.
L'appartement, comme je l'avais prévu, n'avait pas changé. Tout était en ordre, à la même place qu'avant. Aucun objet nouveau ne venait rompre le subtil équilibre du passé.
Enfin, si, deux objets : un masque africain accroché au-dessus de la cheminée.
– J'ai fait un voyage organisé au Kenya, il y a deux ans.
– C'était bien ?
– Non. Ton père m'a manqué.
– D'accord.
Elle a toujours eu ce don de teinter de malaise les plus simples choses, de donner l'impression qu'il ne suffit pas de lui parler pour lui plaire, de lui sourire pour la rendre heureuse, de l'amuser pour la faire rire.