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Citation de Toocha


Toocha
14 septembre 2017
Il s'était aperçu que depuis qu'il travaillait avec les ripeurs il touchait plus de poubelles que d'être humains. Qu'il respirait plus d'odeurs de putréfaction que de parfums, natures ou artificiels. Il lui semblait que son environnement était devenu plus matériel, moins abstrait. Plus brut, avec moins de nuances.
Lafumasse lui avait expliqué qu'il était en pleine phase d'adaptation. Celle qui sépare le commun des mortels du ripeur accompli. Durant cette phase où ses sens étaient tourneboulés, il devait se méfier des rayons de supermarché. Il pouvait avoir des hallucinations olfactives, des réminiscences peu fortuites qui pourraient le dégoûter à jamais de faire ses courses. Il appelait ça "l'illusion du mort et du vivant". Le vivant mourait déjà dans les supermarchés. La mort des poubelles n'avait pas bien expiré encore. D'où des odeurs et des couleurs communes qui pouvaient prêter à confusion. Or l'esprit humain de l'apprenti ripeur mettait du temps à se défaire de ce sentiment d'abject qu'évoquaient pour lui les ordures. Et si ce sentiment venait à toucher ce qui lui permettait de se tenir debout, il pouvait en perdre l'appétit de vivre.
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