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Citation de enkidu_


Mao Zedong, sans le formuler de façon théorique, car ce qu’il innove n’est pas orthodoxe au regard de la théorie marxiste, axe la mobilisation non vers le prolétariat – squelettique en Chine et défait lors des insurrections urbaines menées par la gauche du Parti –, mais sur la paysannerie pauvre. Il a pu constater, au cours d’une expérience de terrain, que celle-ci est mobilisable à condition d’être encadrée.

Grâce à l’application de cette ligne hétérodoxe avec l’aide de cadres qui s’insèrent dans les villages auprès des paysans et développent un travail de propagande et de mobilisation prolongée, il va pouvoir passer de la guérilla à la guerre révolutionnaire. Celle-ci utilise les mêmes méthodes : surprise, mobilité et harcèlement. Mais son but est différent : il s’agit de permettre la constitution progressive non d’éléments irréguliers, mais de forces régulières et non pas d’affaiblir une armée régulière, mais de s’emparer du pouvoir par une guerre d’anéantissement. Pour parvenir à ce résultat, l’insurrection paysanne organisée en guérilla représente une étape ; elle est destinée à servir d’auxiliaire à une armée régulière en voie de constitution. Elle joue donc le rôle d’une armée de partisans puisqu’elle a pour vocation d’épauler l’armée régulière qui portera le coup décisif lorsque l’adversaire sera affaibli.

L’innovation de Mao Zedong – transformer la guérilla en guerre révolutionnaire afin de s’emparer du pouvoir – ne sera perçue que bien après sa victoire en 1949. Les seuls ayant compris l’originalité de la démarche et des méthodes révolutionnaires chinoises sont les hauts cadres vietnamiens, en contact avec la Chine en guerre civile. Ils sauront mettre à profit ces leçons lors de la guerre du Vietnam, infligeant aux forces coloniales françaises la défaite de Diên Biên Phu en 1954.

La victoire de 1949 était inattendue. Qui, deux ans plus tôt, aurait donné Mao gagnant ? L’aide américaine aux troupes nationalistes était considérable. Staline, pour sa part, conseillait à Mao d’établir un gouvernement de coalition avec le Guomindang. La contribution de Mao, à travers ses écrits et la pratique de ses forces armées dans lesquelles l’action du maréchal Zhu De n’est pas mince, est à la fois politique et militaire : mobiliser la population grâce à des cadres organisés en infrastructure politique clandestine ; transformer, avec le temps, sa faiblesse en force par une guerre prolongée ; gagner à sa cause les prisonniers de l’armée nationaliste pour en faire des propagandistes de choix ; user de défensive tactique dans le cadre d’une stratégie offensive dont le but final n’est rien de moins que la suppression de l’adversaire. En effet, dans une guerre civile, il ne peut y avoir de compromis ; on ne peut accéder au pouvoir que si l’ennemi est terrassé.
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