-Songes-
Déjà,
ce sont vêpres qui tonnent
la mer est ivoirine
un albatros couleur de vent
déploie « ses ailes de géant »
et moi,
immobile,
je m’empêche de marcher
Tant de fleurs du mal
se sont encanaillées dans ma vie
j’effeuille tout ce qui passe
je soliloque à l’avenir
et me moque du paon qui tasse
et étale
ses plumes de néant
Ô vieille nuit de mes vers
nuit d’hiver à la neige à la pluie
comment ai-je pu tant courir
autour de tous tes sortilèges ?
Mon tour viendra
-et tôt sera sans doute-
de ne plus entendre tonner les cloches
Ni vêpres
Ni mâtines
Il pleure des larmes de verre sur
le chemin qui n’en finit pas
Il plane encore un peu de nuit sur
l’herbe gelée
un oiseau suspendu attend
que
naisse enfin l’aurore
que
fonde cet abîme
que
les couleurs l’emportent
Je me souviens de ce jour qui n’a jamais été
et jamais ne sera
C’est ma mémoire enfuie
enfouie
que j’hésite à exhumer
C’est une mer de nuages
un hourvari de temps anciens
une galopade de tout ce qui aurait pu être
ici-bas
sous la houppelande de la voûte
là où s’accrochent en vain les étoiles
là où commence ce chemin
qui,
jamais,
ne
finira
demain