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Citation de Tandarica


Gérard Macé
Le goût du lait revient en parlant, le lait caillé dans les bols quand la lune rousse éclairait la faïence et l’eau qui dort. À l’intérieur d’une maison sans feu le sommeil est troublé par les soupirs de la sainte et les cris de la fée, par la chute au pied du lit des vêtements de la femme adultère. Sa voix dans les livres se confond avec une ancienne désinence, une langue jamais apprise qui revient à l’oreille de l’enfant. Rougeurs et silences qui précèdent un flot de paroles et leur contraire, un mascaret d’émotions qui remonte en même temps que la mémoire et la marée.
Si l’enfant prodigue et saturnien éclate en sanglots (le vendredi maigre où il revient), c’est encore à cause de l’amour qu’on lui montre du doigt. L’anneau de sa mère enferme à jamais les larmes de son corps, l’anguille et la rivière plus vif-argent que ses souvenirs.
Accompagné du vautour qu’on croyait femelle et fécondé par le vent, quand il repart c’est pour trouver le partage des eaux ; entre la sanglante et l’amoureuse, la rose et les ténèbres, la rime et le bruit... Héros roturier il apprend à écrire en prose, mais lit les vers en se taisant pour mieux entendre en lui l’instrument des tristes et l’accent de la superstition quand ils parlent de l’avenir (leur histoire est sans écriture et sans roi, leur voix est en souffrance dans les voyelles trop fermées de l’alphabet).
[...]
(Bois dormant)
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