Et la vie continue,
place des Innocents
(blessure secrète)
Beaucoup de monde au cimetière
A l’enterrement de mon jeune frère…
Désarroi et tristesse
Confusion et détresse
Impossible de rentrer
Je traîne dans les rues
Je ne sais où aller
Je traîne.
Il ne pleut plus
Un stupide accident
C’était presqu’un enfant
Je revois son sourire et ses yeux pétillants
Les filles qu’il a aimées à peine adolescent
De l’oxyde de carbone,
Long coma et séquelles…
Il avait quatorze ans
Il y a si longtemps..
Métamorphose insupportable.
Quelques années plus tard
Il se jette dans le vide…
C’est l’hiver, il fait froid
Place des Innocents, près des Halles à Paris
A la terrasse d’un café, je m’assois et je crie
Je crie et je m’assois
Il y a du monde au cimetière
A l’enterrement de mon jeune frère
Les parents effondrés
Pleurent dans le vent glacé
Ma mère bouleversée,
Perdue, les yeux rougis
Et mon père ravagé
Digne et inconsolable,
Prononce un beau discours
Où il parle d’amour
Il met des mots sur son chagrin
Évoque le passé,
Ses deux parents, sa sœur,
C’était une autre époque
On s’en croyait sorti
Et à présent son fils…
Sa voix s’est lézardée,
Mais jusqu’au bout
Il est allé.
Quand il s’est arrêté
J’ai mis à sa demande dans le poste apporté
Pour couvrir le silence un morceau de musique
La pavane de Ravel pour une infante défunte.
Dans le petit cimetière
Mon frère fut mis en terre
Et puis, dans le silence,
Mais que pouvait-on dire ?
Chacun est reparti
Pour reprendre sa vie
Je traîne dans les rues, je ne peux pas rentrer
Je revois son sourire et ses yeux pétillants
Les filles qu’il a aimées à peine adolescent
C’est l’hiver
Place des Innocents, près des Halles à Paris
A la terrasse d’un café, je m’assois et je crie
Et la vie continue comme si de rien n’était
Mon cri est silencieux, personne ne m’entend
Personne ne se doute, c’est la mort d’un enfant,
Et devant le spectacle permanent de la rue
Où la vie continue, comme si de rien n’était,
Je pleure et je ne peux m’arrêter de pleurer
"Ce jour-là, Gaston feuilletait distraitement les pages du journal local, lorsqu’un article attira son attention.
– Écoute ça Juliette, on parle de nous…
– De nous ?
– Oui… je te lis… Dans le château de notre petit village de Foutraque, où la légende dit qu’il y a un fantôme à chaque étage, la comtesse Juliette Gribiche de Ravigote et son inséparable compagnon Gaston Frappadingue se livrent à de drôles de jeux qui ont de quoi faire rougir plus d’un villageois paisible. Voici les révélations indiscrètes du voisin de la châtelaine, Philoe Passemuraille, à qui l’on ne peut rien cacher…
– Ça alors !
– Tu le connais, toi, ce Philoe Passemuraille ?"