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Citation de Santarini


FRATERNITÉ
Nous sommes tous frères. Encore faut-il le savoir !
Tous les animaux, qu’ils soient humains ou non humains et même les plantes et les autres organismes vivants sont mes frères ou plus précisément mes cousins. Cette réalité (peut-être déjà pressentie par un François d’Assise) est souvent considérée comme une simple métaphore. Elle doit pourtant bien être prise au sens propre puisque nous savons aujourd’hui que nous tous, êtres vivants, descendons des mêmes ancêtres lointains. Les fantastiques études génétiques actuelles, rendues possibles par la découverte de l’ADN et les magnifiques progrès dans son étude, permettent même de reconstituer avec précision notre arbre généalogique commun dont les racines remontent à plusieurs milliards d’années. Il prend naissance dans le monde minéral et c’est pour moi un véritable émerveillement de savoir que la science a réussi à reconstituer notre filiation jusque dans ces époques très lointaines. Nous sommes, au sens propre, des enfants des étoiles. La plupart des noyaux d’atomes dont nous sommes constitués, et plus particulièrement ceux de carbone, d’oxygène et d’azote, indispensables à la vie sur Terre, se sont formés au coeur des premières étoiles apparues après le Big Bang. Les planètes qui orbitaient autour de ces étoiles ne pouvaient pas porter la vie car le Big Bang n’avait produit que de l’hydrogène et de l’hélium : toute chimie était exclue et, a fortiori, la vie. C’est grâce à l’explosion de ces étoiles primordiales, à la dispersion des atomes nouveaux qu’elles avaient forgés et à leur recyclage dans la formation de nouvelles générations d’étoiles et de planètes que la vie a pu apparaître puis se développer par mutation et sélection. Nous sommes cousins de tous les êtres vivants, mais aussi de tout ce qui existe dans l’Univers !
« We must all learn to live together as brothers or we will all perish together as fools » (« Nous devons tous apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots », Martin Luther King, Sermon du 31 mars 1968 à la National Cathedral, Washington)
Malheureusement, nombreux sont encore ceux qui, sans aller, comme les adeptes du créationnisme, jusqu’à nier l’évolution des espèces vivantes, n’en tirent pas toutes les conséquences philosophiques sur l’interdépendance et la fraternité universelle. Il a encore des successeurs, Wilberforce, l’évêque anglican d’Oxford qui demandait ironiquement au zoologiste Thomas Huxley « s’il descendait du singe par son grand-père ou par sa grand-mère ». Huxley lui rétorquait en substance « qu’il rougirait plutôt d’avoir un ancêtre comme l’évêque qui se mêle de problèmes qu’il ne connaît pas dans le seul but de les embrouiller » (présentation par Jean-Marc Drouin de « L’origine des espèces » de Charles Darwin, édition mise à jour en 2008, Flammarion). Aujourd’hui, ces successeurs de Wilberforce ne peuvent plus nier cette filiation, mais ils ont honte de leurs ancêtres. Ils veulent encore, en dépit de toutes les évidences, se sentir étranger au monde réel, séparés, différents et, bien sûr, supérieurs ! C’est bien dommage pour eux et pour le monde car ils perdent le bonheur de faire partie d’un fantastique organisme planétaire vivant et ignorent donc, ou sous-estiment, toutes les conséquences concernant notre immense responsabilité, en particulier dans le domaine de l’écologie. De plus, leurs idées ou plutôt leurs préjugés, leurs croyances contaminent leurs proches et les incitent à se replier sur eux, à perpétuer les visions étriquées développées tout au long de l’histoire des religions et des philosophies, au lieu de s’ouvrir à l’idéal merveilleux d’une fraternité universelle. Le repli sur soi-même, sur sa famille, sur sa région, sur sa « patrie » ne sont que des versions différentes d’un même égoïsme qui risque fort de nous faire tous mourir ensemble « comme des idiots » !
« J’aime mieux ma fille que ma nièce, ma nièce que ma cousine, ma cousine que ma voisine » (déclaration répétitive de Jean-Marie Le Pen)
Cette phrase culte qui résume la philosophie du Front National me paraît terriblement perverse. Le Diable, paraît-il, a coutume de prendre des vérités, de les tordre un peu pour les déguiser et de les utiliser ensuite pour diffuser son poison. Je trouve que ce slogan est un excellent exemple de cette pratique. Il encourage les égoïsmes en cascade qui s’efforcent de « protéger » la « patrie » contre les envahisseurs étrangers de cultures différentes, la région contre les autres régions de traditions différentes, la famille contre les autres familles d’habitudes différentes et finalement moi-même contre le monde entier ! Il ferme et endurcit le coeur de ceux qu’il contamine pour qu’ils ne puissent plus s’émouvoir de la souffrance des autres, prétextant qu’ils sont moins aimables puisque différents. Quand on commence à trier dans la souffrance, la compassion n’est plus là et, a fortiori, l’amour. L’immense problème de l’accueil des réfugiés illustre bien cette tendance : souffrir et mourir dans un pays en guerre serait-il plus digne de compassion que souffrir et mourir de faim dans un autre pays ruiné pour des causes climatiques ? Les migrations qui relèvent de cette dernière catégorie ne font que commencer : le dérèglement climatique va très probablement les accentuer dans des proportions terrifiantes.
« Pour une révolution fraternelle » (slogan du Secours Catholique-Caritas France)
C’est d’une profonde mutation dans les esprits que notre monde a besoin pour ne pas se détruire complètement, d’une révolution fraternelle. À notre époque où l’interdépendance de tout ce qui vit sur cette planète prend une ampleur que l’humanité n’a jamais connue, l’égoïsme qui, tout au long de l’histoire, a pu contribuer à défendre les individus et les groupes contre les autres individus et groupes devient un risque mortel. La « charité bien ordonnée » qui commence par soi-même est en train de tuer l’humanité. Même si c’est avec une motivation égoïste (on se sent mieux quand on aide les autres !), il est urgent de développer l’altruisme à tous les niveaux. Jésus-Christ l’aurait-il pressenti quand, déjà à son époque, il recommandait d’« aimer son prochain comme soi-même » ?
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