Tout d'abord merci à l'auteur de m'avoir invité à lire son livre que je me suis procuré en version numérique, ce qui permet de suivre une sorte de parcours fléché qui met en relation des thèmes proches qui, sinon, sont présentés sous forme alphabétique, c'est-à dire une sorte de dictionnaire des rapports entre science et croyance.
L'auteur est un scientifique retraité qui a travaillé au CEA, dans le domaine de la Physique, ce qui explique la qualité de l'ouvrage et notamment les commentaires sur la structure de l'Univers.
Il y a, dans ce « dictionnaire »:
- à la fois une analyse critique détaillée de nombreux aspects des thèmes et des personnages des religions monothéistes: Dieu, Jésus-Christ, Abraham, Elie,
François d'Assise, Mère Theresa, foi, croyance, péché, etc…et touts leurs déviances, intégrisme, djihadisme; mais aussi de ceux qui s'y apparentent dans l'état d'esprit, tels créationnisme, obscurantisme, scientisme et puis patrie, nationalisme,
- Et en regard, un passage en revue de tous ces mots qui sont plus ou moins en relation avec ce qu'est l'approche scientifique.
Et au delà, il y a un plaidoyer, de nombreuses fois réitéré, pour le doute, l'humilité, l'esprit critique, la tolérance. Mais aussi pour l'éducation, pour l'importance d'
apprendre.
L'ouvrage est riche, et les thèmes qu'il expose le sont avec beaucoup de simplicité, de pédagogie et d'acuité, notamment la critique très pertinente des rouages des croyances, religieuses ou autres.
Il m'a amené à compléter à nouveau mes connaissances sur la structure de l'univers, sur la théorie quantique, mais aussi, sur la question des mécanismes de l'irrationalité, et sur les connaissances scientifiques actuelles relatives à la conscience.
J'ai beaucoup apprécié les pistes que l'auteur propose pour que la connaissance remplace la croyance, et sur les bienfaits qu'a apporté et apporte encore la science.
Mais malheureusement, force est de constater que les progrès de la science, la formidable réussite de la vaccination Covid n'en est qu'un exemple, s'accompagnent aussi d'un progrès tout aussi croissant de la défiance, des fausses informations, relayées de façon exponentielle par les réseaux sociaux.
Et qu'il ne suffit pas qu'un honnête homme comme Mr Santarini nous montre le chemin à prendre, qui passe par la connaissance, la raison, la tolérance, la méditation, pour que les choses changent dans le monde. Car il est clair qu'il ne suffit pas d'opposer science et croyance, il y a dans les médias, les réseaux sociaux, le monde politique et économique, un développement ce que l'on pourrait appeler la science de l'irrationnel, ou encore des techniques de la manipulation de l'irrationnel, du « storytelling », qu'il faut savoir démasquer et dénoncer, contre lesquelles il faut lutter, et savoir démonter les moteurs psychiques qui les alimentent . Et donc, il me semble que développer nos connaissances sur les mécanismes de la « pensée magique » pourrait être un axe de recherche scientifique qui permettrait de mieux la combattre dans ses excès ( car dans une certaine mesure, nous l'utilisons tous).
Enfin, une remarque à propos de la conscience. L'auteur nous dit que la conscience est une réalité absolue inaccessible à la science à ce jour. le médecin que je suis, qui fut biologiste et chercheur, et bien que n'ayant pas travaillé dans le domaine des neurosciences, ne partage pas tout à fait cette assertion. En effet, les développements extraordinaires de l'imagerie fonctionnelle cérébrale permettent de définir les différents niveaux de la conscience et les différents réseaux cérébraux qui constituent ce que l'on appelle «l'espace de travail global » qui signe une perception consciente. Je citerais pour références les ouvrages du Professeur
Stanislas Dehaene tel le livre récent «
Face à face avec son cerveau » ou «
le code de la conscience , ou ceux du Professeur
Antonio Damasio. Et donc, si l'on ne peut encore définir complètement ce qu'est la conscience humaine, la science s'en approche.