LUNE SUR LA MER
Au fond du crépuscule vert
Le croissant de la lune a l’air
D’un coquillage,
Et nacré, courbe, lisse et clair
Polit les conques de la mer
À son image.
À quelle oreille dans la nuit,
Lune triste ! se plaint et luit
Mystérieuse,
Votre voix pareille à ce bruit
Houleux qui s’enfle, et qui remplit
La conque creuse ?
Divine lune, ta rumeur
Voudra-t-elle bercer mon cœur
Qui se lamente ?
Verse à mon rêve ta lueur
Ainsi qu’à la nocturne fleur
L’arbre et la plante !
Le pin léger, noir et vibrant,
Garde encor ton étrange chant ;
Sous son écorce ;
Harmonieux, sombre et mouvant,
Ton murmure il le livre au vent,
Ô lune torse !
Je garderai dans mes cheveux
Ta verte rumeur si tu veux,
Toi qui pour plages
As le ciel rose ou ténébreux,
Comme les grèves sont les cieux
Des coquillages.
Et comme la plante du pin
Imite le soupir marin
D’une spirale,
Mes vers répéteront sans fin
Ton écho paisible et serein,
Ô lune pâle !