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Critiques de Gerhardt Stenger (1)
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Diderot

Grand spécialiste de Diderot, Voltaire et Helvétius, Gerhardt Stenger livre ici une remarquable biographie de Denis Diderot, peut-être la plus grande figure du siècle des Lumières.



Cette somme de 700 pages, auxquelles il faut ajouter plus de 100 pages de notes parfois fort éclairantes, nous fait découvrir dans une langue parfaite (M. Stenger écrit en français) l’incroyable parcours intellectuel du fils d’un modeste coutelier de Langres. C’est long mais c’est passionnant. Un grand ouvrage sur homme hors norme.



Diderot fut de tous les combats, de tous les défis de son temps et d’une certaine manière domine ce siècle incroyable que fut le XVIIIe. Voici pêle-mêle quelques unes des questions auxquelles il a tout consacré et souvent tout sacrifié :



Que sait-on du monde ?



Pour répondre, il décide d’entreprendre avec d’Alembert, le baron d’Holbach et d’autres la rédaction d’un dictionnaire encyclopédique accessible à tous, organisé non pas selon une structure théologico-politique mais scientifique. En cela, il fera l’inverse de ce que Carl von Linné proposera lorsqu’il concevra au même moment sa fameuse nomenclature binomiale du vivant. Cette entreprise gigantesque, fruit des meilleurs esprits de son temps, l’occupera peu ou prou toute sa vie et structure encore aujourd’hui la façon dont nous envisageons la conception et la diffusion de la connaissance. Beaucoup prendront beaucoup de risques pour cela, à commencer par Diderot.



Peut-être est-il utile d’ajouter que c’est aussi grâce au financement de Catherine II de Russie que cette aventure intellectuelle – et financière -- sera conduite à son terme. La version russe de ce chef-d’œuvre, qui était la contrepartie naturelle de la première version en français, ne verra jamais le jour. Certaines choses semblent ne jamais changer lorsqu’il est question de la Russie !



Quel système politique ?



Diderot sera le promoteur infatigable d’un système politique qui respecte les droits de tous et notamment des plus faibles. Il sera un des opposants les plus actifs à la monarchie absolue, défenseur selon les dates d’une version constitutionnelle ou d’une démocratie pleine et entière. Cela lui attirera bien des ennuis y compris l’emprisonnement dont il gardera un souvenir cuisant.



Quelles croyances ?



Diderot sera un athée convaincu et militant. Non pas un déiste ou un panthéiste à la Spinoza. Son matérialisme sera complet et traduit chez lui une conviction inébranlable : seule la matière existe. Il y a une continuité sans faille entre le minéral, le végétal, l’animal et l’humain jusques et y compris la sensibilité et la pensée. Cette vision combattue avec acharnement par la doxa religieuse de son temps est aujourd’hui largement partagée par le monde scientifique. C’est cette conviction qui l’amènera à écrire le roman « La religieuse » qui n’est autre qu’une dénonciation de la condition souvent carcérale de nombre de jeunes filles enfermées à vie derrière les murs des couvents.



Quelle humanité ?



Une humanité universelle dans laquelle les hommes, les femmes, les Européens, les Indiens des Amériques et des Indes, les Africains sont tous égaux en droit. Inutile de dire que dans un siècle qui pratique partout en Europe le servage et la traite des esclaves noirs sur les autres continents, cette position lui vaudra bien des soucis. Là encore, Diderot prend le contre-pied de tous les grands noms de son siècle. Pensons à Rousseau qui ne dira pas un mot des femmes lorsqu’il ne le traitera pas d’êtres de second rang.

Cette position de principe l’amènera fort logiquement à s’insurger contre la colonisation du monde par les Européens qui bat alors sont plein.



Il révolutionnera la production littéraire en inventant le drame bourgeois, une nouvelle forme de théâtre et se fera critique d’art en publiant chaque année une revue des œuvres exposées au Salon.



On pourrait continuer ainsi sans fin tant sa vie fut mosaïque et démiurgique.



Ce qui frappe surtout, c’est que de tous les combats qu’il a souhaité mener, il semble ne s’être jamais trompé. C’est en cela qu’il est injustement mal connu et qu’il devrait faire figure de référence universelle.



Selon sa fille, sa dernière phrase aurait été : « Le premier pas vers la philosophie, c’est l’incrédulité. » Ce que nous appelons aujourd’hui l’esprit fécond du doute.



Le très grand homme s’éteint en 1784. Cinq petites années avant une certaine Révolution française.

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