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4.6/5 (sur 15 notes)

Nationalité : Roumanie
Né(e) à : Tohanu Vechi, județ Brașov , le 8/05/1950
Mort(e) à : Județ de Brașov , le 30/01/2007
Biographie :

Gheorghe Crăciun est un romancier, professeur et théoricien de la littérature roumain.

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Bibliographie de Gheorghe Crăciun   (4)Voir plus

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Citations et extraits (110) Voir plus Ajouter une citation
Immobilisée sur le pas de la porte, tandis que ses grands yeux verts nous lançaient de courts éclairs en guise de légitime défense, la nouvelle-venue ressemblait à une petite paysanne (aussi piquante qu'un hérisson, comme nous aurions l'occasion de le voir le soir même), vêtue, simplement, d'habits d'occasion selon toute vraisemblance. Elle portait des collants en coton beige et sa robe blanche, fermée jusqu'au cou, que l'on apercevait entre les pans de son pardessus, lui arrivait bien au-dessus des genoux. Absolument scandaleux pour une jeune fille de son âge.

[Rămasă țeapănă în apropierea ușii, deși din când în când fulgerându-ne scurt, în legitimă apărare, cu ochii ei mari și verzi, nou-venita părea o țărăncuță sălbatică (și țepoasă ca un arici, cum aveam să ne dăm seama chiar în seara aceea) îmbrăcată modest, ca dintr-o prăvălie de solduri. Purta ciorapi de bumbac beige, iar rochia albastră, închisă până la gât, zărită printre cele două aripi ale pardesiului, îi cobora mult peste genunchi.]
(p. 22)
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La nuit tombait. L'été s'achevait. Les premières étoiles pointaient du nez. Et sa belle tête de poupée russe éclata en mille morceaux, mille sensations et idées et les 165 503 mots de ce livre se répandirent aux alentours sur la surface des choses comme les restes d'une cervelle explosée.
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Je me suis dit que si la littérature ne peut pas changer la vie, elle peut au moins en réveiller certains, ce qui n'est pas si peu.
[Mi-am spus că dacă literatura nu poate să schimbe viața, măcar îi trezește pe unii din somn. Ceea ce nu e puțin lucru.]
(p. 145, en marge de "Pupa russa")
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Bucarest lui apparaissait comme une ville insupportable, scandaleusement agitée, étonnamment calme sur les larges trottoirs ombragés des rues qui se déployaient en éventail à la périphérie de la ville, vers le lac Herăstrău.
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Mais dans l’industrie, de nouvelles branches ont été créées. De grands succès ont été obtenus. Partout, la lutte des classes a triomphé. Et nous, à l’école, nous avons appris beaucoup de choses utiles, par exemple : la discipline consciente, la participation massive, la liquidation du retard, l’application dans la vie de ce qui dit le parti et le développement de la croissance. Nous, au magasin d’alimentation du village, nous voyons que les besoins toujours croissants de ceux qui vivent depuis toujours ici disposent désormais de biens de grande consommation, comme : marmelade, conserves de poisson, sucre, pain et huile pour tout le monde, sur les cartes jaunes et roses, maillots, pantalon en tergal, fromage, nappes en plastique, clous pour les nouvelles constructions, des marteaux pour les clous et des moissonneuses pour moissonner là où les moissonneuses-batteuses ne passent pas.
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« Bonne année à tous, je sors d'une Saint-Sylvestre un peu spéciale avec eux » :

Chaque semaine, la sœur de Darvari passait également chez Cartea Românescã pour voir le libraire Mircea (elle avait entendu qu'il s'appelait ainsi, et tout le monde disait qu'il était aussi prosateur) un homme joyeux, énergique, d'une masculinité fascinante, qui aimait le jeu de dames et les conversations avec des types intelligents. De Mircea elle était purement et simplement amoureuse, elle aimait ses longs cheveux châtains, ses pupilles expressives, sa négligence vestimentaire affichée, sa façon de s'emparer d'un bic pour noter quelque chose sur une feuille de papier qu'il avait par hasard à portée de main sur le comptoir plein de livres, la manière dont, quelle que soit la personne devant lui, il tendait le paquet de volumes achetés et recevait l'argent comme s'il s'agissait de la chose la moins importante au monde, souriant de toute sa bouche. Mon Dieu, quelles lèvres avait cet homme ! Et ses yeux sont si noirs, qu'il pourrait vous hypnotiser ! disait Visanta d'un air songeur. À tous les coups, lui aussi était grec. J'ai entendu dire qu'il serait de Fundulea et que son père aurait travaillé pendant sa jeunesse sur les propriétés de Caragiale. Matei, et non le vieux, celui avec le débit de tabac.
Puis Visanta évoquait d'autres noms encore. Très à la mode étaient deux Arméniens, Tache Grosapian et Horia Sangian, écrivains de grand talent, qui dormaient dans les salles d'attente et circulaient avec les trains de nuit, très en colère, et le plus grand peintre était Horia Bernea que quelqu'un lui avait montré un jour dans la rue. Quelle homme ! Il passait toutes ses journées perché sur des collines et travaillait d'arrache-pied, quel grand homme ! On dit qu'un autre, fort jeune, Mazilescu, venait de mourir, il s'agissait de celui qui se nourrissait de vodka à la maison des écrivains et qui toutes les deux minutes envoyait Ceaușescu se faire foutre, tandis que Florin Iaru, le pauvre, habitait dans un entrepôt de livres et écrivait des poésies sur des fous. Oui, et à Pãltiniș vivait un philosophe qui était surveillé jour et nuit par des membres de la Securitate et qui se cachait sous les sapins et jurait par tous les dieux, car le froid avait raison d'eux et faisait voler en éclats les cambrions de leurs bottes. Elle avait également entendu parler d'un certain Radu Petrescu ou bien Matei Iliescu, elle ne s'en souvenait plus très bien, mais dans tous les cas il s'agissait d'un grand ponte, qui sortait rarement de chez lui et qui avait une épouse artiste-peintre avec de la famille ni plus ni moins qu'à Éphèse, ce qui posait franchement problème au moment où la censure avait redoublé de vigilance, et où, pour un peu plus de liberté, il fallait se tourner vers les éditions militaires. Sultanica Gâdea, la ministre, une vache avec des bottes, paraît-il, ne tire pas la chasse d'eau quand elle va aux toilettes, et puis il y a ce nid de comploteurs, mené par un déjanté, Mehașes (en voilà un nom !) qui construit sa maison tout seul et qui joue du clavecin quand il a du temps libre, à Pietroșița où se rendent des types de Târgoviște pour boire de la tsuica et critiquer la situation du pays quand ils ne veulent pas se suicider dans le jardin botanique de Bucarest, en signe de protestation et qui adressent des lettres à Radio Free Europe, comme cette histoire dont vous avez certainement entendu parler, celle de Dan Deșliu, qui, eh bien, s'est fâché une fois dans un restaurant d'où il a emporté une assiette, car disait-il, c'est là qu'était le micro, alors que tout l'espoir vient de Ștefan Andrei, mais la crétine de Leana ne blairait pas sa femme comédienne et belle par-dessus le marché ! Ah, y en a un autre, Țopa, qui essaye toujours de devenir écrivain sans y parvenir, très dangereux, qui était un soir avec un certain Crãciun, sculpteur celui-là et avec un Țuțu Russu, qui écrivait des poésies, tous les trois ivres morts, dans la rue, et v'la que Țopa se met à hurler Je ne veux pas me suicider. Ils n'ont qu'à me fusiller ! jusqu'à effrayer la police elle-même qui a fini par les embarquer.
(p. 312-313)
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Son pouvoir est plus grand que celui de Zeus, car se soumettent à lui les éléments, la terre comme la mer, et les étoiles du ciel et tous les dieux l'ont pour souverain. (…) On ne trouve de remède à l'amour ni en buvant, ni en mangeant, ni en pratiquant des sortilèges. Le baiser l'apaise, l'étreinte le calme, coucher ensemble, nus, l'accomplit.
(p. 120-121)
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Je dois reconnaître qu’elle présentait un sourire désarmant, quelque chose de très naïf lorsque vous ne saisissiez pas l’éclat dans ses yeux, quelque chose d’une fille sage qui ne sait rien et ne ment jamais à sa mère, une pureté de fille rudimentaire qui vient à peine de se séparer de ses jouets, je ne sais pas comment dire autrement.
(page 32)
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En silence, le grand-père jure, maudit, grogne, pleure, écrase les mots entre ses dents, il jure et maudit les communistes, grogne comme un chien agité, pleure comme un enfant, écrase les mots entre ses dents comme des éclats de verre et il regarde la terre.
(page 43)
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Elle n’était plus naïve. Elle avait appris à contrôler ses pulsions intempestives. Elle se tenait bien droite dans ses bottes, elle savait : sourire, porter des chemisiers et des jupes d’apparence à la fois sobre et séduisante, ondoyer de sa voix et de son corps, être digne directe délicate dominatrice dubitative exigeante expressive expéditive, de temps en temps incolore inodore insipide. Il est vrai que, parfois, ici, dans la toile d’araignée de ces structures, il fallait se transformer purement et simplement en un être sans goût, qui ne s’y connaît pas, mais aurait bien voulu apprendre.
(page 207)
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