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Citation de enkidu_


Imaginer la Marine impériale romaine travaillant vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept pour « trimballer » Moshe’le et Yanke’le à Cordoue et à Tolède peut éventuellement aider les Juifs à se sentir importants, en plus de « trimballables », mais le bon sens suggère que l’armada romaine avait des choses bien plus importantes à faire. La conclusion logique est plus intéressante encore : si le peuple d’Israël n’a pas été exilé, alors les réels descendants des habitants du Royaume de Juda doivent être les Palestiniens. Sand encore : « Aucune population ne reste pure sur une période de milliers d’années, mais les chances que les Palestiniens soient les descendants de l’antique peuple judaïque sont bien plus grandes que vous ou moi soyons ses descendants. Les premiers sionistes, jusqu’à la Révolte arabe [1936-39], savaient qu’il n’y avait pas eu d’exil, et que les Palestiniens étaient les descendants des habitants du pays. Ils savaient que les paysans ne partent pas, à moins qu’ils ne soient déportés. Même Yitzhak Ben-Zvi, le second président de l’État d’Israël, a écrit en 1929 que ‘’la grande majorité des paysans-fermiers ne tenaient pas leurs origines des conquérants arabes, mais plutôt avant cette conquête, des fermiers juifs qui étaient nombreux et majoritaires dans la construction du pays’’. »

Dans son livre, Sand développe son idée, faisant remarquer que, jusqu’à la Révolte arabe, les dirigeants sionistes soi-disant de gauche, avaient tendance à croire que les paysans palestiniens (en réalité certainement Juifs à l’origine) s’assimileraient dans la culture hébraïque naissante, et rejoindraient finalement le mouvement sioniste. Ben Borochov pensait que « un fellah [paysan palestinien] s’habille comme un Juif, se comporte comme un Juif de la classe ouvrière, et ne sera pas du tout différent du Juif. » Cette idée réapparut dans les écrits de Ben-Gourion et Ben-Zvi. Ces deux dirigeants sionistes se rendaient compte que la culture palestinienne était imprégnée de traces bibliques, aussi bien au niveau linguistique que géographique (par exemple dans les noms de villages, villes, rivières et montagnes). Au moins, à ce premier stade, tous les deux voyaient les indigènes palestiniens comme des parents ethniques et des frères potentiels. Ils voyaient aussi l’islam comme une « religion démocratique » sympathique. Après 1936, aussi bien Ben-Gourion que Ben-Zvi freinèrent leur enthousiasme « multiculturel ». Pour ce qui était de Ben-Gourion, la purification ethnique des Palestiniens semblait être bien plus attirante. (pp. 197-198)
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