Tu cherches
un mot de rien
qui dirait tout
tu trouves
une parole silencieuse
assise au fond de ta respiration
Du monde tu ne vois
que le verso
mais ce soir tu as rendez-vous
avec la page blanche
A cet instant
le monde
ne fait que commencer
Rien sur la table
d'ėcoute
hors le bruissement du papier
des feuillages ailés
à peine ce mouvement de paupières
dans le silence
et sous ta plume
l'écriture des herbes couchées par le vent
(" Présent intérieur")
La brise musicienne
passe les doigts
dans la rangée des peupliers
Du sablier
à l'encrier
le secret d'une vie
et sa trame invisible
comme affranchi des mots
le silence te gagne
les mains tranquilles sur la table
tu attends que la plume retourne à l'oiseau
Ne pas parler
Plus haut que sa pensée
Pour autant
Ne pas taire le chant
Qui nous donnerait des ailes
Nous lesterait du poids du monde
En dépit des peurs et des violences
De tout ce qui étiole
Des malheurs qui fissurent
La belle ordonnance des choses
Permettre les affleurements
De l'inconnu
Vêtus d'incertitude
Et de jubilation intime
Consentir à cet appel d'air
Qui rend légère la fragile éternité
Qui ne cherche l'étoile s'étiole mais toi
par nuit noire ou d'épiphanie
à travers les persiennes
sous l'éclat du réel
dans des gestes d'aurore
dans les appels muets
dans les méandres des aveux
des souvenirs
en tout reflet, en tout écho lointain,
derrière les rumeurs, les apparences,
partout tu cherches obstinément
la note bleue
grave et profonde
celle qui porte
celle d'où naissent
toutes les harmoniques d'une destinée.
(" Versants du secret")
.
Sans voix
avec des yeux extrêmes
nous regardons éperdument le paysage
mais c'est lui qui nous embrasse
p. 22
D'infinis paysages ( extrait)
Nous avons beau nous éloigner
le paysage ne nous quitte pas
Qu'il s'ouvre comme un livre d'heures
à chaque levée matinale des arbres
sur les talus
nous le savons en nous lové
si intérieur
qu'il instille sa sève goutte à goutte
dans notre sang
jusqu'à se ramifier
Et si marcher n'était
qu'aller à sa rencontre
pour mieux s'empayser des autres ?
Et si écrire ou lire
n'était que traverser sa vie
comme on traverse un paysage,
laisser à la neige des pages
le soin de consteller
le silence des marges,
à ces mots simples le pouvoir
de ralentir le coeur
le pouls de la pensée ? (...)
Printemps des poètes 2011
Ce n'est pas tant
de garder le silence
qui importe
mais de lui demander
s'il veut bien être
le berger qui nous garde.
Cette lumière
que le regard murmure
quand il se pose
comme elle nous grandit
Comme il fait beau
dans le silence
qui a tant à nous dire