Le système politique mis en place après 2003 ne fonctionne pas. Il fait d'ailleurs l'objet aujourd'hui d'un rejet généralisé au sein de la population irakienne. Les sunnites et les kurdes accusent les responsables politiques de favoriser la communauté chiites. Les chiites reprochent au gouvernement d'avoir laissé le pays sombrer dans l'instabilité et le chaos sécuritaire. la corruption des élites est unanimement conspuée. Ce constat désolant est dressé sans aucun regret de l'ancien régime de Saddam. Celui-ci était à la fois dictatorial, clanique et violent. Il existe pourtant une frange de la population qui regrette l'ère Saddam, non pas pour l'homme mais par nostalgie de l'unité du pays.
Car c'est la rivalité de puissance entre Saoudiens et Iraniens, beaucoup plus que les divergences théologiques, qui font se déchirer les deux branches de l'Islam.
Les attaques sont souvent filmées : les vidéos sont des "preuves" (postées sur internet ou envoyées au commanditaire) qui permettent d'être payé.
L'Irak avait avait été ciblé par les néo-conservateurs, sur fond d'ambitions pétrolières et d'élucubrations idéologiques. Ce pays dictatorial et arriéré bénéficierait d'un changement de régime qui le convertirait à la démocratie. Une fois installé, ce système politique servirait de modèle à l'ensemble des pays du Grand Moyen-Orient. Au passage, les Etats-Unis puniraient Saddam Hussein pour ses liens avec Ben Laden et al-Qaida (liens qui n'ont existé que dans les délires de G. Bush et de ses conseillers), ainsi que pour le développement d'armes de destruction massive (dont on cherche encore les traces).
Les milliards dépensés par le contribuable américain dans l'opération Iraqi Freedom sont remboursés par le pétrole irakien, dix à quinze ans plus tard. La boucle est bouclée : George Bush et ses équipes ont été payés.
Autre phénomène très destructeur, l'existence de dizaines de milliers, et sans doute même de centaines de milliers d'orphelins. Leurs parents sont morts sous les bombes américaines, dans la guerre civile qui a ravagé l'Irak depuis 2003. Leurs pères sont parfois en prison, ou ont rejoint les rangs de l'insurrection ou des groupes terroristes. Ces jeunes sont sans repères. Ils ont une rancoeur énorme contre le gouvernement, contre les Américains, contre les chiites en général. Ils sont des recrues idéales pour les organisations terroristes.
Les "migrants" irakiens représentent seulement une petite partie de la masse d'hommes et de femmes qui échouent sur les côtes de l'Europe. En 2015, ils auraient représenté 80 000 personnes sur le million arrivé, soit bien moins que les Syriens par exemple. Leurs pays de destination principaux sont la Suède, la Belgique et l'Allemagne. La France n'est pas une destination très prisée. Les Irakiens y ont peu d'attaches familiales. Par ailleurs, ils savent que les conditions d'accueil y sont précaires et qu'on ne trouve pas de travail.
Sous Saddam, quitter le pays était un mythe. Aujourd'hui, c'est un luxe.
Paul Bremer a pris la décision de renvoyer tous les militaires chez eux. Cette décision a été la plus irrationnelle parmi toutes celles prises par les Américains, et la plus lourde de conséquence. Outre qu'il a fallu recréer une armée de zéro, on a virtuellement transformé des centaines de milliers d'hommes dans la force de l'âge en marginaux chômeurs. Or, tous ces nouveaux chômeurs avaient une arme et étaient formés à l'utiliser. On comprend mieux le niveau de violence qui a suivi 2003 lorsqu'on a ces éléments à l'esprit.
Ils arrêtent les voitures et les camions, examinent les documents d'identité pour déterminer si le chauffeur est chiite ou un sunnite. S'ils ne sont pas sûr, d'après son nom ou son lieu de naissance, ils lui font réciter des prières du rite sunnite. S'ils acquièrent la conviction qu'ils ont affaire à un chiite, ils l'exécutent sur le bord de la route, et prennent son camion. Ainsi la plupart des chiites ne dépassent pas les faubourgs de Bagdad, laissant aux Sunnites circuler au nord mais surtout à l'ouest du pays.