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Citation de enkidu_


L'histoire de la philosophie détermine trois moments principaux dans l'élaboration de l'univocité de l'être. Le premier est représenté par Duns Scot. Dans Opus Oxoniense, le plus grand livre de l'ontologie pure, l'être est pensé comme univoque, mais l'être univoque est pensé comme neutre, neuter, indifférent à l'infini et au fini, au singulier et à l'universel, au créé et à l'incréé (...) l'on voit l'ennemi qu'il s'efforce de fuir, conformément aux exigences du christianisme : le panthéisme, dans lequel il tomberait si l'être commun n'était pas neutre.
(...)
Avec le second moment, Spinoza opère un progrès considérable. Au lieu de penser l'être univoque comme neutre ou indifférent, il en fait un objet d'affirmation pure. L'être univoque se confond avec la substance unique, universelle et infinie : il est posé comme Deus sive Natura. Et la lutte que Spinoza entreprend contre Descartes n'est pas sans rapport avec celle que Duns Scot menait contre saint Thomas (...) les attributs sont donc absolument communs à la substance et aux modes, bien que la substance et les modes n'aient pas la même essence ; l'être lui-même se dit en un seul et même sens de la substance et des modes, bien que les modes et la substance n'aient pas le même sens, ou n'aient pas cet être de la même façon (in se et in alio). Toute hiérarchie, toute éminence est niée, pour autant que la substance est également désignée par tous les attributs conformément à leur essence, également exprimée par tous les modes conformément à leur degré de puissance. C'est avec Spinoza que l'être univoque cesse d'être neutralisé, et devient expressif, devient une véritable proposition expressive affirmative.
(...)
Lorsque Nietzsche dit que l'hybris est le vrai problème de tout héraclitéen, ou que la hiérarchie est le problème des esprits libres, il veut dire une seule et même chose : que c'est dans l'hybris que chacun trouve l'être qui le fait revenir, et aussi cette sorte d'anarchie couronnée, cette hiérarchie renversée qui, pour assurer la sélection de la différence, commence par subordonner l'identique au différent. Sous tous ces aspects, l'éternel retour est l'univocité de l'être, la réalisation effective de cette univocité. Dans l'éternel retour, l'être univoque n'est pas seulement pensé et même affirmé, mais effectivement réalisé. (pp. 57-60)
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