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Citation de ssstella


Paradoxalement, la peur de mourir, si obsédante lorsque j'étais enfant, s'est atténuée pendant les années de Résistance et de déportation. Il y avait certes ces bouffées d'angoisse qui m'envahissaient subitement, quelques minutes avant le verdict à Fresnes, lors d'un transfert en train ou pendant l'appel à Ravensbrück. Mais le reste du temps, je n'avais pas peur. Ou peut-être ai-je oublié que j'avais peur ? Il me semble parfois que j'ai traversé la guerre dans un état second, comme si je n'avais pas été vraiment concernée par ce qui se passait, comme si, dans les moments les plus éprouvants, quelqu'un avait pris ma place. Lorsque les épreuves devenaient insoutenables, j'étais double. Il y avait Annick et Gisèle. Annick la résistante pugnace à qui tout cela arrivait, et Gisèle la jeune fille rêveuse qui regardait la scène de loin. Je dois être un peu schizophrène. Mais c'est sans doute cela qui m'a sauvée, cette capacité à me soustraire à la réalité. Celles qui abordaient l'horreur de face, celles qui se posaient trop de questions finissaient tôt ou tard par mourir.
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