Autrefois, la barbe de Félix était aussi fournie et noire que la fourrure du sanglier. Il était musclé, robuste, de taille à supporter les rigueurs de la vie monastique éreintante, les maigres portions, les privations, le vent cinglant de la mer qui vous gelait jusqu'à l'os, le travail manuel qui vous brisait l'échine mais assurait la vie de la communauté, les brèves périodes de sommeil entre les offices qui ponctuaient la vie nocturne et diurne. Désormais, il avait la barbe fine, de la couleur d'un plastron de mouette, et les joues hâves. Ses muscles puissants s'étaient flétris, affaiblis, sa peau s'était desséchée pour devenir tel du parchemin, et ses démangeaisons le distrayaient même dans la prière et la méditation.