L’art est , je crois , ce que rapporte un rêveur d’un lointain voyage dans l’Inutile .
L'histoire du XXe siècle montre combien la culture est impuissante à dompter notre essence primitive. Elle est un greffon amovible, et les grands idéaux qui nous font avancer n'ont pas assez de muscle pour empêcher que l'on régresse. La barbarie est le bruit de fond de la civilisation. L'enfer c'est les autres, mais la bête c'est nous. Sans les armes de mort et l'usure du temps, les résistances, les glaviots rebelles ne font pas le poids contre l'immuable agglutinat et l'euphorie de la haine.
Mais où est l'intérêt de voyager si l'on se promène à l'étranger comme dans un zoo ? Autant faire partie de la ménagerie et inverser le point de vue.
Ce qui me lie à mes voyages, ce sont des visages, des attitudes, un moment ; des gens à qui parfois je n'ai même pas parlé, qui par leur présence, dans leur silence, m'ont raconté une histoire, que j'ai tenté de traduire, sur l'infinie noblesse d'être et la tristesse parfois infinie d'être humain.
Il est là le désert fait de pierres et de sable si dépouillés , qu’il semble montrer l’armature du monde .
( La Yakoutie ...) , c’est la terre des hommes et des femmes extraordinaires , d’histoires inhumaines et humaines invraisemblables et toutes authentiques.
C’est ´ la prison sans grilles ´ ´ le pays de la mort blanche ´ , celui des pires camps que la Russie a connus .
Le pouvoir reste le pouvoir quelle qu’en soit la bannière
C’est au fond banal, pourquoi s’offusquer ? Mais en présence de l’infini, on espère encore. L’on oublie que Dieu ne peut rien contre la nature humaine, et que la foi n’élève jamais que ceux qui par nature n’ont pas besoin d’elle.
Que de retard ces grands esprits nous ont coûté. (...) En glosant sur la vie, ils ont tous méprisé l’existence, et les peuples ont cher payé leur sagesse.