Quand il était enfant, Peterson suivait les émissions de la National Géographic à la télévision. Ces animaux d’Afrique presque mythiques étaient un peu comme des amis lointains, pour lui. Les lions énormes et paresseux, les girafes qui semblaient des piquets mouvants à l’horizon du monde. Il en rêvait avec affection et fascination. À présent, ils avaient presque tous disparu. C’était en Afrique qu’il avait appris cette première et grande leçon. Bientôt, il ne resterait plus à la surface de cette planète que des animaux domestiques. Quand toutes les grandes espèces sauvages se seraient éteintes, l’homme demeurerait seul. Avec les rats et les cafards. Ou pis encore : seul avec lui-même. Cette éventualité aussi floue qu’angoissante n’avait pas trop préoccupé les futurologues. Ils avaient jacassé durant des jours, comparant des montagnes de beurre à des déserts stériles, échafaudant des recettes définitives pour en finir avec la misère et la famine. Leurs théories étaient tellement plus séduisantes que ce pauvre monde.