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Citation de Stemilou


Sorti des grands axes de Harlem, je me retrouve dans des rues sombres, entièrement à l'abandon. Fenêtres murées, portes cramées, perrons défoncés. Je continue vers le nord pour aller au bout de l'enfer. Je croise une procession d'évangélistes défilant contre l'avortement au coin de Columbus Avenue ; demi-tour, je bifurque sur une noce juive, descends jusqu'à la 96e rue, rampe sur le gazon de Central Park, m'incruste dans une manifestation de femmes en lycra rose décidées à vaincre le cancer du sein, quand un serai-marathon m'emporte sur son passage et me projette dans le lac du Réservoir.

Sur le point de réussir à me noyer une bonne fois pour toutes, je suis repêché par un pompier qui me livre aussitôt à la police montée de Central Park. Évanoui en amazone sur un canasson, je me réveille menotté dans la guérite du NYPD de Times Square — commissariat miniature où je suis retenu entre une pute asiatique, un escroc sicilien et deux toxicos est-allemands. Je me prépare à un interrogatoire en règle, ce qui risque d'être coton vu que je parle uniquement français, et j'implore « Mama, Mama » toutes les six secondes. Un sosie de Bud Spencer finit par me séparer des autres délinquants en m'attachant à un radiateur allumé.
« Un jeune Français torturé à Times Square » : je m'imagine faire les gros titres en dénonçant Giuliani sur le plateau de Nulle part ailleurs – si seulement l'émission ne venait pas de s'arrêter... Pas grave, j'irai au 20 heures en tant que prisonnier politique arrêté pour avoir tenté de sauver sa maman.
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