Aaron Schwartz, brillant activiste de la culture libre, suicidé en 2013 à l'âge de vingt-six ans, à la veille de son procès fédéral, au cours duquel il risquait trente-cinq ans de prison pour avoir tenté de rendre publiques des publications universitaires et scientifiques ; Jeremy Hammond, condamné en 2013 à dix ans de prison pour avoir fait fuiter à WikiLeaks des documents issus d'un hack de l'entreprise américaine d'intelligence économique Stratfor ; Alaa Abdel Fattah, informaticien égyptien militant pour un journalisme citoyen, de nouveau arrêté en septembre 2019 après avoir déjà purgé une peine de prison.
Alors qu’il se rêve en chef d’orchestre, il a le sentiment d’être relégué au rang de gorge profonde.
Le « projet B », comme le dénomme le fondateur de WikiLeaks, est une vidéo de 18 minutes. Elle a été réalisée en 2007 en Irak depuis un hélicoptère militaire Apache de l’armée américaine. On peut y voir des soldats américains abattre froidement au moins 18 personnes dont deux journalistes de l’agence de presse Reuters, Saeed Chmagh et Namir Noor-Eldeen. Il a fallu trois mois pour déchiffrer le fichier. Pas inutile d’être un cryptologue chevronné quand l’objectif est de rendre publics des documents militaires classifiés.
Assange se rend compte que Wikileaks ne pourra pas absorber tout le travail nécessaire à la publication [des documents de Chelsea Manning]. En s’assurant cette collaboration [avec le Guardian, le New York Times et le Spiegel] il gagne une protection supplémentaire et une force de travail formée à l’analyse de documents.
Si un démocrate est élu à la Maison Blanche fin 2020, Assange pourrait en bénéficier. Interrogés par le New York Times, tous les candidats à l'investiture du parti [...] se sont exprimés pour la clémence [...] À l'exclusion notable de l'ancien vice-président Joe Biden.
« Ce sont sans doute les documents les plus importants de notre temps, ils permettent de lever le brouillard de guerre, et de révéler la vraie nature de la guerre asymétrique du XXIe siècle. Bonne journée. »
Chelsea Manning à Julian Assange.
Elmer dispose de l’inventaire complet du serveur de la banque. Son objectif ? Dénoncer les pratiques de l’établissement, qui avait mis en place des mécanismes honteux d’évasion fiscale, soutenus par une double comptabilité […] Ces données refont surface en 2008, sur WikiLeaks. La banque suisse va faire face à ce que l’on appelle dans le jargon propre à la culture numérique, « l’effet Streisand ». En conséquence, la volonté d’empêcher la divulgation d’informations que l’on aimerait garder secrètes déclenche immanquablement le résultat inverse.
D’abord incarcérée dans une cage surchauffée au Koweït, elle est ensuite détenue sur la base militaire de Quantico, aux États-Unis. […] À l’isolement dans une cellule de deux mètres sur quatre, [ Chelsea Manning] a droit à une heure d’exercice par jour dans une pièce vide. Les gardes l’empêchent de se livrer à toute activité physique dans sa cellule. Interdiction également de dormir, après son réveil, fixé à cinq heure du matin. Toutes les cinq minutes, les gardiens doivent s’assurer que Manning va bien afin d’ éviter son suicide.
L’argument principal du manifeste, intitulé « Le gouvernement comme complot » et publié le 3 décembre 2006, peut se résumer en ce terme : le monde est gouverné par une conspiration orchestrée par des États autoritaires, alliés aux grandes entreprises. […] Pour ce faire, les membres de ce complot s’appuient sur le contrôle de l’information. […] Que faire, dès lors, pour renverser ce système conspiratif ? [… ] Le 5 octobre 2006, Julien Assange dépose le nom de domaine wikileaks.org.
« John, ne fais pas ça s’il te plaît », l’implore-t-il. Cela ne suffit pas : Young met en ligne des centaines d’e-mails [internes de WikiLeaks] sur son propre site, en prenant malgré tout la peine de retirer la plupart des noms. Assange comprend alors que les attaques les plus redoutables ne viennent pas forcément de gouvernements ou de grandes entreprises. Il va falloir également se méfier de celles et ceux dont il s’estime proche.