Guillaume d` Ockham

Au XIVème siècle, Guillaume d'Ockham reprend la logique d'Aristote et de Boèce et entreprend d'analyser le langage.



Quelques exemples surprenants : "un homme sauf Socrate court" est-ce vrai ou faux ? "Une chimère est un non-étant" est-ce vrai ou faux ? "tout phénix existe" est-ce vrai ou faux ? "un blanc fut Socrate" est-ce vrai ou faux ? "Socrate ne peut courir que s'il a des pieds" est-ce vrai ou faux ?



Et oui on se pose ce genre de questions au Moyen-Age. On est surpris des réponses apportées : ce que l'on pourrait appeler aujourd'hui le "sens" n'a rien à voir dans l'affaire, il ne s'agit que d'appliquer des règles de logique. Ainsi, "une chimère est une chimère" est vraie si l'on rapporte le prédicat au sujet... mais faux puisque chimère ne se rapporte (ne réfère dirait-on, ne suppose disait-on) rien...



Un ouvrage ardu tout de même, mais intéressant car il n'est pas sûr que la philosophie analytique contemporaine ait vraiment rompu avec ce mode de pensée...



(Bon les réponses : ni vrai ni faux / faux, les chimères n'existent pas ha ha / idem pour le phénix / vrai, si "un blanc" suppose la même chose que Socrate (aucune idée de ce qu'est "un blanc") / à votre avis on peut courir sans pieds ? ha ha ha).

Guillaume d'Occam (ou Ockham), terministe, qui s'intéresse au langage car c'est là, en suivant Aristote, que se trouve la vérité. Ses héritiers, jusqu'à aujourd'hui, seront dits nominalistes.

Ockham est connu pour le rasoir et pour le nominalisme, mais il devrait l'être un peu plus pour sa théorie des connaissances intuitive et abstractive. Toute sa théorie de la connaissance ne se limite en effet pas au rasoir, c'est-à-dire à un réquisit ontologico-méthodologique, mais comprend aussi une part d'analyse causale, c'est-à-dire métaphysique. C'est sans surprise qu'Ockham considère que la chose sensible cause une connaissance intuitive, c'est-à-dire une connaissance immédiate de l'existence d'une chose - connaissance qui se décompose en connaissance sensitive et en connaissance intellective. Cette connaissance va causer un habitus qui causera une connaissance intuitive imparfaite, ou bien une connaissance abstractive qui causera un habitus. Connaissances intuitive et abstractive ne diffèrent donc pas ici pas en vertu de leur objet, mais en vertu d'elles-mêmes. Dans la même veine, Ockham refuse l'activité de l'intellect humain justifiée par le prétexte qu'une connaissance intuitive ou abstractive peut survivre à la destruction de son objet (Scot) : cet argument, selon lui, ne permet pas de trancher, et sa théorie causaliste de la connaissance le montre bien.