Citations de Guinevere Glasfurd (59)
Je recule quand l'un d'eux m'aperçoit - mais il me regarde sans me voir. J'entends parler hollandais, français et d'autres langues que je ne connais pas : le monde entier s'est donné rendez-vous ici. Pourtant, pas une femme n'en franchit le seuil, pas même une servante pour passer le balai - est-ce parce que penser ne fait pas de poussière ? Ma lettre n'est ni un parchemin, ni un livre - et je ne suis pas un homme.
Discours de la méthode
Pour bien conduire sa raison
Et chercher la vérité dans les sciences
...
Il décrit un cœur pendant plusieurs pages. Je connais ce travail, je m'en souviens : j'ai frotté le sang sur sa table, jeté les restes d'animaux dans la casserole....
Le passage se termine par des différences entre les hommes et les animaux.
L'âme n'est point sujette à mourir avec le corps...
Un livre, ce n’est pas suffisant – ce n’est jamais suffisant. Ce qu’il faut, c’est une bibliothèque.
"Je suis désolé, je ne peux vous l'acheter. Tel qu'il est, il n'a aucune valeur.
- Il ne peut pas n'avoir aucune valeur.
- Je vais vous faire la démonstration." Il retourne la page de titre. "Ainsi, il pourrait se vendre." Je ne comprends pas. Il la remet à l'endroit, avec mon nom dessus. "Là, il ne se vendra pas."
- Il retourne la page une nouvelle fois ; mon nom est caché. "Là, oui,
- Oh !
- Aucun homme n'achètera un livre écrit pas une femme...
il se peut que je me marie un jour. C'est bizarre de penser à un mari, aussi bizarre que si je portais une culotte.
Je ne peux supporter que mes mots survivent et pas elle.
Si j’ai des plumes, je n’ai ni encre ni papier, et encore moins d’argent pour m’en procurer. Sur le seuil de la porte de la cour, je réduis en poudre du charbon de bois ; je passe la journée à frotter pour effacer les taches. Il ne permet pas d’obtenir une encre de bonne qualité, pas plus que la suie ; le sang coagule et bouche le bec ; le cacao ne se dissout pas dans l’eau froide. Si la betterave produit une ravissante encre rose, je dois mettre le jus à réduire très longtemps et M. Sergeant se plaint de l’odeur. Je n’ose pas me servir dans son thé, alors je trempe ma plume dans le fond de sa tasse ; les mots brillent autant que de l’ambre, mais s’effacent en séchant et il ne reste que leurs fantômes. De tous les produits que j’ai testés, c’est la betterave qui donne les meilleurs résultats.
parfois, avec lui, j’ai l’impression qu’on m’a demandé de vider la mer et que pour cela, on ne m’a donné qu’une tasse.
Les changements en moi ? Sans vous, je ne suis que la moitié de moi-même.
Un livre, ce n’est pas suffisant – ce n’est jamais suffisant. Ce qu’il faut, c’est une bibliothèque.
Je ne sais toujours pas si sa maison penche vers la gauche ou si ce sont les fenêtres qui penchent vers la droite. Peu après mon arrivée, je me suis mise sur le trottoir et j'ai incliné la tête sur le côté et de l'autre, pour voir si cela suffirait à la remettre d'aplomb, ce qui a beaucoup fait rire M. Sergeant. Il souffre de crises de goutte qui le font boîter. Ils forment une drôle de paire, l'étroite bâtisse hollandaise de guingois et l'Anglais rondouillard à la patte folle ; il n'y a de ligne droite ni chez l'un ni chez l'autre.
Un livre, ce n’est pas suffisant – ce n’est jamais suffisant. Ce qu’il faut, c’est une bibliothèque. Une bibliothèque est un investissement pour le futur, Helena.
Il souffle sur la farine pour la disperser et bouscule un œuf qui s'écrase par terre. Je lui dirai bien de nettoyer, mais cela reviendrait aux oreilles de M. Sergeant, qui préférera se passer de servante qu'en avoir une qui répond, collectionne les plumes et transforme le jus de betterave en encre.
Le Pasteur de Noorderkerk raconte des histoires incroyables à propos des Français - ils porteraient fraises et collerettes, soieries et satins, rubans et dentelles. J'ai du mal à imaginer un homme affublé de pareils accessoires.
C’est quoi un poète ?
Un type qui regarde pas le monde avec les mêmes yeux que moi...
Il veut que ses pensées voyagent loin de lui pour savoir ce qu'elles raconteront à leur retour.
Qu'est-ce qu'un livre ? Les élucubrations de mon cerveau. Des mots, écrits à la plume avant d'être imprimés. Des pages, assemblées et reliées; diffusées par M. Sergeant et ses confrères. Lorsqu'il paraît, un livre est une chose incroyable, Helena, incroyable - il a de la force, des conséquences.
Comment allons-nous communiquer si nous ne nous parlons pas ? C’est un valet, pas un libraire, ni un maître. Il est vrai que je ne suis qu’une servante, hollandaise qui plus est, et non française. Je ne suis certainement pas un intermédiaire. Il a tracé ces lignes pour m’éloigner de lui autant que possible.
Désormais, Monsieur, que reste-t-il ? Qui sommes-nous maintenant qu'elle n'est plus ? A-t-elle fait de nous ce que nous étions, plus que nous ne pouvions être ? Est-ce qu'une partie de nous s'en est allée avec elle ? Sa perte est un gouffre qu'aucun océan ne peut remplir ; un gouffre dans lequel l'océan se déversera à jamais.
Les livres ont de la force. Ils ont des conséquences.