Günter Fraschka

Quand on en arrive à mobiliser des vieillards, qu'on les envoie au front avec des brassards, alors, mon vieux, c'est la fin de tout. Mais voilà, ces Messieurs de Berlin tiennent à la vie ! Pendant douze ans, ils n'ont manqué de rien, ceux-là. Je les ai haïs, dès le premier jour...

Il joua si bien le naïf qu'on aurait juré qu'il n'avait jamais entendu parler de poker. Alors que tout le monde dans la compagnie savait que personne ne jouait aussi bien et avec autant de plaisir au poker que le sous-officier Nogel.
En fait, il aimait faire tout ce qui était défendu par « en haut ». Tout en étant le meilleur sous-officier de la compagnie, il en était en même temps l'enfant terrible. Il n'y avait pas meilleur camarade et meilleur tireur de char que lui. En revanche, dans toute l'armée de la Grande Allemagne il n'y avait pas de sous-officier plus cynique, plus rusé et plus madré que ce fils d'un pasteur de Silésie.

C'est précisément l'Histoire qui nous apprend ce qui arrive aux peuples et aux états qui ont été poussés par des fous vers une guerre criminelle. Sacrifices utiles ; la belle histoire ! Toute mort est inutile. Il n'y a pas de mort utile ! Des boniments, tout ça ! Nous avons été mis au monde pour vivre. Rien que pour vivre. Et vivre, ça veut dire : être libre, pouvoir dire et écrire ce qu'on veut, et ne pas plier le genou devant des bonzes et des bretteurs.

Parmi les troupes qui avaient pénétré dans Nemmersdorf, il y avait un bataillon de femmes. Elles s'étaient conduites comme des bêtes féroces. Des enfants avaient été massacrés à coups de hache. Des hommes cloués aux portes des granges. Quant aux femmes... mieux vaut passer cela sous silence. Un horrible bain de sang !

Alors tout est pour le mieux. Ah, à propos que fabriquent donc les Russes sur le terrain d'exercice ? Tâchez de le savoir le plus vite possible ! Encore une chose : Bühl a besoin d'une unité du Volkssturm et de chars d'assaut. Là, ils seront utiles.