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Citation de cjozroland


p 30 – B : le problème des médias n’est-il pas aussi un problème de langue ? La langue de l’ère industrielle veut dissimuler. Nous parlons de « parc de traitement des déchets », « de risque subsistant », de « commission de protection contre les radiations ». n’avons-nous pas besoin d’une autre langue ? A : en tout cas, nous devons démasquer ce vocabulaire. la critique de la langue devrait devenir l’objet principal de l’enseignement.
P 30 – je crois qu’« espoir » n’est qu’un autre mot pour dire « lâcheté ». qu’est-ce, au fond, que l’espoir ? Est-ce la croyance que les choses vont s’améliorer ? Ou la volonté qu’elles deviennent meilleures ? Personne n’a encore jamais produit une analyse de l’acte d’espérer. (…) il ne faut pas faire naître l’espoir, il faut l’empêcher. Car personne n’agira par espoir. Tout espérant abandonne l’amélioration à une autre instance. Oui, la météo s’améliore, je peux peut-être espérer. Le temps ne devient pas meilleur ainsi, ni pire. Mais dans une situation où seul l’agir individuel compte, « espoir » n’est qu’un mot pour dire qu’on renonce à l’action personnelle.
P 77 – nous avons parfaitement le droit d’avoir recours à une violence défensive, même si celle-ci ne s’appuie sur aucun pouvoir « officiel » ou « légal », c’est à dire sur aucun État. L’état d’urgence justifie la légitime défense, la morale l’emporte sur la légalité. Il est sans doute inutile, deux siècles après Kant, que je démontre la validité de cette maxime. Nous ne devons pas être troublés de nous voir traités de « casseurs » (…) : ils ne sont que le signe de l’analphabétisme moral de ceux qui nous collent cette étiquette.
P 79 – l’inversion : alors que nous, qui défendons la paix et nous élevons contre les périls, nous nous faisons traiter de « casseurs » lorsque notre contestation sort des limites strictement verbales, les puissances véritablement agressives se qualifient elles-mêmes de « défensives ». Les empoissonnements consécutifs à l’épandage d’agent orange au Vietnam ou (…) le bombardement de Tripoli n’émanaient bien entendu pas d’un « département of agression » mais d’une « département of defense », et ce bien que jamais, même en rêve, il ne serait venu à l’idée ni du Vietnam, ne de la Libye (…) d’attaquer les États-Unis, d’en formuler le projet ; ils n’en ont pas les moyens. Si les agresseurs se qualifient eux-mêmes de défenseurs (et que, corrompus par leur propre discours, ils ne s’étonnent même plus de porter ni de revendiquer cette étiquette mensongère), nous ne devons pas nous étonner qu’ils nous traitent ensuite, nous qui luttons pour la paix, de gens « agressifs » et utilisent contre nous (…) des armes qui sont indubitablement des armes de guerre. Ce sont leurs actions contre-révolutionnaires qui font de nous des révolutionnaires et créent une situation qui s’apparente vraiment à une guerre civile non déclarée. Si un citoyen est blessé, cela prouve qu’il est un agresseur.
P 85 – la violence pour dépasser dialectiquement la violence ? C’est ça. Comme nous n’avons qu’un seul objectif, à savoir le maintien de la paix, nous espérons que nous n’aurons plus besoin de la violence après la victoire (si jamais nous la remportions, ce dont nous devons douter en permanence). Nous ne devons jamais avoir recours à la violence que comme un moyen désespéré, une contre-violence, un expédient provisoire. Car elle n’a d’autre objectif que d’instaurer un état de non-violence. Aussi longtemps que les puissances établies utiliseront la violence contre nous (…) qui sommes dépourvus de tout pouvoir, nous qu’elles ont à dessein privés de pouvoir- en menaçant de transformer les régions où nous vivons en champ de ruines contaminés ou bien en y construisant des centrales nucléaires « inoffensives » - aussi longtemps qu’elles chercheront à nous dominer, à exercer une pression sur nous, à nous humilier ou à nous anéantir – ou tant qu’elles se contenteront simplement d’avoir la possibilité de nous anéantir (un tel « simplement » suffit bien!) - nous serons obligés de renoncer à notre renoncement à la violence pour répondre à l’état d’urgence. Autrement dit:sous aucun prétexte nous n’avons le droit de faire un mauvais usage de notre amour de la paix et d’offrir ainsi l’opportunité à des personnes sans scrupules de nous anéantir, nous let les enfants de nos enfants. (…) face à des personnes dénuées de tous scrupules, il n’y a rien de pire que la soumission.
P 86 – ministre Zimmermann : « la résistance non-violente est aussi une forme de violence. Pour la simple raison qu’il s’agit d’une résistance. » bref : la résistance en tant que telle est violence. La belle équation ! Dites-moi donc ce que cette équation, cette formule qui résume les fondements de toutes les dictatures, a de commun avec ma maxime ? Elle dit tout le contraire ! Car ce que j’affirme – et vous savez combien je répugne à le faire – ce n’est pas que la non-violence est une forme de violence, mais tout le contraire, à savoir que le recours à la violence qui nous est imposé n’est légitime que parce que son objectif est l’instauration d’un état de non-violence. L’objectif est d’assurer la paix (qui est mise ne péril par d’autres que nous). Rien d’autre. Et vous trouvez vraiment, sérieusement, que cette maxime est aussi moralement suspecte que l’équation de Zimmermann qui, elle, stigmatise toute liberté, toute opinion indépendante, toute contradiction comme autant de formes e sédition ? (…) certes, ma maxime a aussi une signification négative. Elle veut dire aussi que nous resterons incapables de ramener à la raison les partisans des missiles et des surgénérateurs en leur adressant des discours pacifistes, en les caressant dans le sens du poil (…) ou en utilisant des arguments rationnels.(…) c’est précisément parce que je suis un rationaliste que je le fais. Seuls les illuminés surestiment la force de la raison.
P 90 - Toute personne qui, comme Zimmermann, déclare que la résistance non-violente est violence parce qu'elle est résistance (...) fait de toute libre expression, de toute critique du pouvoir quelque chose de répréhensible. C'est la fin de toute liberté.
P 92 – la paix n’est pas un moyen à mes yeux. C’est une fin. Elle ne peut pas être un moyen, parce qu’elle est la fin par excellence. Je ne supporte plus que nous restions là, les bras croisés alors que nos vies et celles de nos descendants sont menacées par des personnes violentes ; je ne supporte plus que nous hésitions à répondre à la violence par la violence. Le vers de Hölderlin, si prisé des beaux parleurs « au lieu du péril croit aussi ce qui sauve » est tout simplement faux. Ce qui sauve n’a crû ni à Auschwitz ni à Hiroshima. Notre devoir est d’ajouter le principe suivant au nombre de ceux qui peuvent sauver : il faut détruire la menace en menaçant les destructeurs.
Voir en écho, le texte de Simone Weil « oppression et liberté » (video de Hauméa cinema),
https://www.youtube.com/watch?v=G5tFDDIhrh8&feature=share&fbclid=IwAR0IU72w1NoVAIxbiSEMUA2bualSBZV9q1lMxVdCp4VDd05ESjChBTP1te4
p 114 - « today’sproblem is not how to get or to produce something, but how ti get rid of it »
p 116 – notre « malédiction » ne consiste donc plus, comme c’était encore le cas récemment, dans le fait que nous soyons condamnés à la finitude de l’existence, c’est à dire à la mortalité mais au contraire dans celui que nous ne puissions pas endiguer ou dépasser l’infinitude et l’immortalité (les effets de nos actes). Si paradoxal que cela paraisse, ce qui nous limite (c’est à dire ce face à quoi nous restons désemparés), c’est l’infinitude des effets de nos actes. L’omnipotence est notre défaut le plus fatal.
P 125 – si des hommes comme Strass s’accommodent des manifestations (qui ne deviendront bien sûr semblables à une guerre civile qu’à cause des « mesures préventives » policières et militaires qu’on prendra contre elles), c’est parce qu’elles viennent à point nommé pour eux. Ils comptent même sur elles pour que leurs mesures soient perçues comme des « actions de sauvetage » par leur électeurs. Celui qui applique la violence avec succès semble prouver par ce succès même que son application de la violence est juste, qu’elle est un acte de sauvetage légitime et – c’est ce qui compte le plus – que le coupable est celui à qui il fait violence. C’est cela que souhaitent prouver ceux qui combattent les manifestants.
P 138 – pour faire bref, je crains que, si vous continuez à étendre à intervalles réguliers les révolutions du week-end d’une façon aussi pédante, ou bien vous ne tarderez pas à tirer la langue ou bien – et cela correspond à la fausse parousie- elles deviendront une chère habituelle après laquelle vous réclamerez. Je crains aussi que vos enfants n’appellent ces journées vides d’expériences des « journées ela révolution ». vous finirez même par attendre et exiger que les gouvernements reconnaissent et sanctionnent vos journées, voire les organisent (…). j’entends déjà la voix du ministre Wallmann, son discours de circonstance sortant des hauts-parleurs dans lequel il vous confirmera votre statut de citoyen libre, au moins une fois par semaine, de jouer à la révolution. Mais si, par je ne sais qu’elle erreur d’un jour, il devait vous arriver de triompher, si ce que vous avez exigé et aimé exiger depuis si longtemps arrive réellement, alors une grande tristesse s’emparera de vous, parce que vous ne saurez plus comment commencer vos week-ends. Car il n’y a rien qui perturbe si profondément le sens de la vie que d’atteindre une fin. Il ne vous restera qu’à retourner au sauna.
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