La nuit était noire, pleine d’astres, parcourue par une haleine embrasée, par un souffle pesant. Elle promenait sur les visages une caresse chaude, faisait respirer plus vite, haleter un peu, tant elle semblait épaissie et lourde.
Les crapauds, par tout l’horizon, lançaient leur note métallique et courte. Un oiseau inconnu modulait quelques sons qui arrivaient affaiblis par la distance. Sur les larges gazons la lune versait une molle clarté, comme une poussière de ouate ; elle pénétrait les feuillages, faisait couler la lumière sur l’écorce argentée des peupliers, criblait de sa pluie brillante les sommets frémissants des grands arbres.