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Citation de cherriesblue


J’appelle « faire le rapin », ce vagabondage
sac au dos, d’auberge en auberge, sous prétexte
d’études et de paysages sur nature. Je ne sais rien
de meilleur que cette vie errante, au hasard. On
est libre, sans entraves d’aucune sorte, sans
soucis, sans préoccupations, sans penser même au
lendemain. On va par le chemin qui vous plaît,
sans autre guide que sa fantaisie, sans autre
conseiller que le plaisir des yeux. On s’arrête
parce qu’un ruisseau vous a séduit, parce qu’on
sentait bon les pommes de terre frites devant la
porte d’un hôtelier. Parfois c’est un parfum de
clématite qui a décidé votre choix, ou l’œillade
naïve d’une fille d’auberge. N’ayez point de
mépris pour ces rustiques tendresses. Elles ont
une âme et des sens aussi, ces filles, et des joues
fermes et des lèvres fraîches ; et leur baiser
violent est fort savoureux comme un fruit sauvage. L’amour a toujours du prix, d’où qu’il
vienne. Un cœur qui bat quand vous paraissez, un
œil qui pleure quand vous partez, sont des choses
si rares, si douces, si précieuses, qu’il ne les faut
jamais mépriser.
J’ai connu les rendez-vous dans les fossés
pleins de primevères, derrière l’étable où dorment
les vaches, et sur la paille des greniers encore
tièdes de la chaleur du jour. J’ai des souvenirs de
grosse toile grise sur des chairs élastiques et
rudes, et des regrets de naïves et franches
caresses, plus délicates en leur brutalité sincère,
que les subtils plaisirs obtenus de femmes
charmantes et distinguées.
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