Sais-tu quelque chose de plus affreux que ce constant frôlement des êtres que nous ne pouvons pénétrer! Nous nous aimons les uns les autres comme si nous étions enchaînés, tout près, les bras tendus, sans parvenir à nous joindre. Un torturant besoin d'union nous travaille, mais tous nos efforts restent stériles, nos abandons inutiles, nos confidences infructueuses, nos étreintes impuissantes, nos élans de l'un vers l'autre ne font que nous heurter l'un à l'autre. Je ne me sens jamais plus seul que lorsque je livre mon cœur à quelque ami, parce que je comprends mieux l'infranchissable obstacle. Il est là, cet homme ; je vois ses yeux clairs sur moi! Mais son âme, derrière eux, je ne la connais point.