u sais mon amour, dès le moment où mon regard a croisé le tien, j’ai senti quelque chose bouger en moi. De l’homme qui survivait aux événements de sa vie brisée, je suis devenu un homme comblé, simplement heureux de vivre et de respirer. Ta vitalité, ton sourire et ta façon de vivre me démontrèrent que la vie avait encore de belles choses à m’offrir, qu’elle pouvait encore être belle, malgré les cassures et les blessures qui m’affligeaient. À travers tes yeux, j’ai pu me voir comme un homme nouveau. J’ai découvert dans tes gestes que j’étais quelqu’un de bien, que j’étais une personne aimable et que je pouvais encore aimer. Au-delà de cette extraordinaire façon de reconnaître que j’étais une personne qui méritait d’être respectée, j’ai pu revivre à nouveau ce que c’était l’amour, ce que c’était que d’être heureux à deux. Pour tout cela, comme je le disais lorsque nous étions ensemble, je te vouerai un amour éternel.
Ne perds pas ce temps précieux qui t’est si généreusement donné. Sors ma chérie, sors voir les gens aux alentours, sors sentir la vie qui grouille, qui continue. Rien ne sert de rester ici à t’accrocher à des souvenirs qui ne resteront que des souvenirs.
C’était la première fois que j’avais cette sensation, moi, un homme de cinquante ans ! J’étais avec elle et elle était avec moi. J’étais si fier. Par moments, je regardais autour de nous. Rien ni personne n’attirait mon regard ou ne retenait mon attention autant qu’elle. Je me sentais privilégié d’être dans cet espace réservé pour nous deux et où personne ne pouvait pénétrer. Lentement, à l’occasion, nous nous rapprochions, tentant par moment du revers de la main de nous toucher discrètement l’épaule ou la joue. Je plongeais par moment dans son regard pénétrant et caressais en pensées ses lèvres naturelles de grosseur moyenne et parfaitement dessinées.
Ne pleure plus ma belle. Tu pourras faire ce que tu aimes, vivre là où tu as toujours rêvé de vivre et profiter de la vie. Tu es si jeune encore. Tu as de belles années devant toi. Tu verras, avec le temps, ta peine s’estompera. Je veux tellement que tu sois heureuse. Malgré que je ne puisse avoir cette chance de partager ton quotidien comme je le désirais tellement, je souhaite que quelqu’un ou quelque chose remplisse ta vie ; que tes yeux recommencent à briller comme le jour où je t’ai vu pour la première fois. Tu es belle, tu es intelligente Sarah et tu peux réaliser tous tes rêves si tu le veux. Ne gâche pas ces belles années à me pleurer.
De toute façon, je comprenais qu’une fille comme elle ne puisse s’intéresser à un gars comme moi. Nous avions au moins une bonne dizaine d’années de différence d’âge. Elle était pétillante de vie, bien entourée d’amies et moi, un solitaire déçu de sa vie familiale brisée, sans contact ou si peu avec ses enfants. Dans une crise existentielle qui durait depuis plus de deux ans, je n’avais que mes frères comme amis et ma confiance envers les autres était nulle.
Qu’elle était jolie ! Pour moi, c’était la plus belle femme. Elle dansait, ne se préoccupant nullement des hommes qui la regardaient. Elle avait cette innocence de l’adolescence, mais aussi cette maturité qu’ont les femmes du début de la quarantaine. Sa beauté naturelle et discrète faisait qu’elle était extrêmement charmante, mais ignorait qu’elle pouvait autant plaire aux hommes.
Sarah ! Sarah ! Profite de la vie ma belle ! Elle est si courte ! Ne laisse pas les gens passer dans ta vie sans les regarder.
Ne pleure pas mon ange. Le monde est ainsi fait ; cruel et injuste par moment. Je suis là, tout près. Ne t’en fais pas.
La vie est ainsi faite, parfois elle nous comble et d’autres fois elle nous accable. C’est ce qui fait qu’elle vaut la peine d’être vécue même si certains événements sont bons et d’autres mauvais.
Parfois, les mots sont inutiles pour décrire les raisons et les émotions que l’on ressent.