L’image d’Emma avait été éclipsée par le mystère qu’elle représentait, comme une nouvelle conquête qu’il devait réaliser, l’attrait de la nouveauté exerçant sur lui un envoûtement auquel il s’abandonnait sans concession.
Le jeune homme en aurait conçu une profonde honte si ses pensées n’avaient été absorbées par de plus fascinantes préoccupations ; un bref instant, son cœur s’était emballé, comme préparé à découvrir Emma, vision enchanteresse et mystérieuse dans l’unique environnement qu’il lui connaissait, espoir vain et cruel puisque le moment d’après il réalisait qu’il ne s’agissait de sa belle évaporée. Il avait cru distinguer un visage, impression trop fugace pour marquer sa mémoire, mais dont il était certain qu’il ne revêtait ni les traits, ni l’expression de celle-ci.
Chacun reprit son souffle sous les battements frénétiques de leurs cœurs respectifs, enhardis par ce sentiment qui vous fait croire qu'à deux, tout est possible
- J'ai l'impression que nous passons notre temps à nous séparer...
- Ainsi, tout autant également à nous retrouver, ajouta-t-il dans un faible sourire.
Une robe aussi noire que sa chevelure de jais lui enserrait le buste, épousait la taille, s’évasait ensuite, corolle éclose où de longues plumes ténébreuses et soyeuses incarnaient les pétales, libérait les membres de toute contrainte, vibrante et légère sous l’élan du corps gracieux qu’elle habillait.
Les minutes, peut-être même les secondes, étaient comptées, avec empressement Lachésis déroule son fil.