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Critiques de Hagio Moto (47)
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Le clan des Poe, tome 1

Une histoire de vampires et d'amour voici ce qui caractérise ce manga qui constitue le premier tome de la série du Clan des Poe.

L'histoire se déroule au 18e siècle en Angleterre.

Le clan des Poe ne peut rester très longtemps dans un même lieu au risque d'être démasqués, ce sont des vampanellas, plus communément appelé des vampires, au tout début de l'histoire ils fuient le village dans lequel ils vivent pour rejoindre Londres.

On suit en particulier, l'histoire des jeunes Edgar et Marybelle, orphelins abandonnés et recueillis par le clan des Poe, la fameuse famille de vampires. Edgar va rencontrer un certain Allan, un garçon de son âge…

En ce qui concerne la composition graphique, au premier abord, les couleurs de la jaquette sont chatoyantes, le livre est en grand format ce qui donne envie de le lire.

Le style des dessins est un peu plus ancien que celui des mangas actuels, les visages des personnages féminins me rappellent le dessin animé de Candy, série culte des années 80, me semble-t-il. le shojo a été publié pour la première fois au Japon au début des années 1970 puis repris et traduit en France en 2023

Parfois les planches comportent un peu trop de vignettes, la lecture en est rendue plus complexe.

Dans ce shojo, on navigue entre histoire traditionnelle de vampire et la fantasy, parfois les pistes sont brouillées par la double temporalité présent-futur, je n'ai pas toujours compris le déroulement des événements pourtant je l'ai bien lu de droite à gauche en commençant par la fin, j'ai dû en interrompre la lecture pendant quelques temps pour la reprendre ensuite, j'avoue avoir été déstabilisée, je ne comprenais pas l'intérêt de l'histoire, encore moins lorsque je rencontrais des planches entières de dessins sans paroles, c'est l'explication en fin de livre m'a permis de comprendre mes hésitations, dommage mais intéressant, c'est un manga qui demande au moins deux lectures pour pouvoir être pleinement apprécié, je suppose qu'il faut en avoir lu d'autres du même style pour le savourer davantage.

Le livre comporte une autre spécificité, il est assez ancien du fait de sa composition graphique et son intrigue, c'est une édition des années 70, mais tout de même annonciateur des shojos et autres histoires d'amour et de vampires qui ont suivi.

Il sera apprécié par les jeunes adultes voire plutôt adultes amateurs du genre, avertis et avancés en matière de manga, les collectionneurs aussi qui aiment les beaux objets-livres (manga s'entend).

Ce manga constitue pour moi une réelle découverte, un manga peu commun, c'est en cela qu'il m'a le plus intéressée, il m'a donné envie d'en découvrir d'autres du même style et de la même collection.

Je remercie l'équipe de Babelio ainsi que les éditions Akata qui m'ont permis de découvrir ce manga original que je ne connaissais pas.

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Anthologie de l'humain

Alors que le volume est plus fin et que les histoires sont moins tapes à l'oeil, le voilà le Chef d'oeuvre de Moto Hagio. C'est dans l'humanité que s'accomplie cette immense autrice.



Avec cependant un travail éditorial à nouveau à minima, sans la moindre page couleur ou bichromique cette fois et avec une préface encore une fois identique à celle de la première édition datant d'il y a 10 ans.... on retrouve quand même des histoires d'une rare puissance qui méritent, qu'il faut !, découvrir.



Avec des thèmes encore plus riches, plus sombres et plus complexes que dans Rêverie, l'autrice touche ici à notre intimité dans ce qu'elle a de plus dérangeante. Elle interroge ainsi sur la maternité, sur l'amour filial, sur la dépression et le suicide, ou encore sur la violence du temps de la guerre. C'est vraiment rude et âpre.



Dans des histoires s'étalant des années 70 à 90, on voit également l'évolution et les marqueurs graphiques de cette grande autrice qui la démarque. Un trait unique. Des compositions d'une rare vivacité où l'autrice montre qu'elle est l'une des rares à avoir compris à ce point l'importance du mouvement et qui sait comment le retranscrire sans tenir compte des pages. Des ambiances dramatiques également que les histoires soient fantastiques, futuristes ou profondément ancrées dans notre histoire. C'est une génie de la narration graphique et son impact est grand sur les lecteurs.



Lors de son séjour récent à Angoulême, elle a parlé de son relation complexe à sa mère et de la façon dont elle a évacué celle-ci dans notre de ses oeuvres. La Princesse Iguane en est le meilleur exemple et c'est avec ce titre fort que s'ouvre le recueil. Comment ne pas être frappé par le récit puissant de ce rejet de la maternité, de cette dépression post-partum si souvent évacuée et cachée ? L'autrice met les pieds dans le plat et évoque avec justesse les relations parents-enfants qui parfois ne se font pas. Bouleversant.



Mais les autres histoires ne sont pas en reste. Celle de Mon côté ange, avec les soeurs siamoises est également frappant. Il peut décrire la relation vampirisante qu'ont certains membre d'une même fratrie et les ravages d'une relation toxique détestée mais adorée également. Je retrouve notamment ici le poids vécu au sein d'une famille par les aidants d'une personne handicapée, qui sont totalement happés par elle, lui donnent tout, en souffrent, mais ne peuvent s'empêcher de l'aimer. Cela a trouvé un grand écho en moi.



Le Pensionnat de novembre est également un texte fondateur. Comme dans le précédent volume où nous avions une préquelle du Clan de Poe, voici celle du Coeur de Thomas, que je dois impérativement relire. On retrouve ici un superbe texte avec un internat pour garçons en décor, avec tout ce que cela implique de drame, de brimade, de secret, le tout dans une ambiance étrange et dépressive comme on connaît et aime. A nouveau une très belle incursion dans le monde des futurs premiers Boys Love.



L'autrice est tout aussi puissante dans les récits dans un décor historique comme le démontre avec force émotion le coquetier, qui se déroule dans le Paris occupé de la 2nde Guerre. L'autrice ose, et il le fallait, parler antisémitisme, collaboration, prostitution et même prostitution infantile, le tout dans un cadre très sombre fait de meurtres et autres violences inqualifiables. Cela fait vraiment trembler et en même temps, tout comme dans Pauvre maman qui le précède, il y a une grande beauté dans l'émotion de la relation mère-enfant / soeur-enfant de circonstance qui naît ici. La tragédie est le creuset de tellement d'humanité chez Moto Hagio. Je comprends tellement les liens qui sont faits entre elle et l'oeuvre de Cocteau.



Anthologie peut-être encore plus complète pour découvrir l'autrice, chaque texte a su faire vibrer ma corde sensible et pas seulement pour la merveilleuse expérience visuelle que c'est, mais surtout pour ce que cela a trituré en mois. Ce volume porte définitivement très bien son titre "De l'humain", c'est la quintessence de ce que l'autrice peut faire dans ce domaine et on croise fort les doigts de pouvoir un jour découvrir ses autres textes et oeuvres dessus, notamment le très sombre Zankoku na kami ga shihai suru
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Lil' Leo

Moto Hagio et une autrice particulièrement célèbre dans son pays depuis les années 70 et encore de nos jours, que nous n'avons malheureusement pas la chance de beaucoup retrouver chez nous et l'euphémisme est faible. En effet, cette autrice de SF et de drames culte dans son pays, n'a eu le droit qu'à la parution d'une Anthologie et de son célèbre Coeur de Thomas chez nous, c'est dire... Alors même si c'est à l'occasion d'une sortie américaine, je voulais continuer à lire celle-ci.



Lil' Leo est sorti chez nous également il y a quelques années, mais de manière totalement confidentielle à l'occasion d'un festival. Il est donc introuvable. Denpa l'éditant aux Etats-Unis, j'ai sauté sur l'occasion. C'est déjà grâce à ce pays que j'ai pu lire son excellent Otherworld Babara et son cultissime Poe Clan.



Malheureusement contrairement à ses aînés, j'ai été très déçue par Lil' Leo. Ce titre n'est au final qu'une suite d'histoires fort anecdotiques autour d'un chat qui parle comme un être humain et aimerait parfois vivre comme l'un d'entre eux, même s'il préfère bien souvent revenir à son état de chat entretenu. Les 8 chapitres qui composent l'oeuvre sont ainsi l'occasion de le voir à l'école, à des rendez-vous pour un mariage arrangé ou lors du bouclage d'un chapitre de manga... des situations imminemment connue par l'autrice qui nous livre ici plutôt son regard caustique à elle sur ces moments.



J'ai parfois souri lors de ces situations car c'était cocasse de voir le décalage entre les attentes de Leo et la réalité, entre ce qu'il croyait bien faire et ce qu'on attendait de lui. Le regard décapant de l'autrice n'y est pas pour rien non plus. Ainsi, elle critique ouvertement une école qui ne supporte pas des élèves inventif, un peu remuant et différent. Elle critique également cette foire au mariage que sont les rendez-vous arrangés où l'ouverture d'esprit est rarement de mise. Elle nous raconte avec amusement ce qu'est le bouclage d'un chapitre de manga, notamment quand un assistant n'est pas au niveau et ne fait que des bourdes. Ça, c'est parfaitement réussi !



Pour le reste, c'est on ne peut plus banal, que ce soit l'histoire où Leo ne veut pas utiliser sa litière, où il cherche à retrouver le goût des aliments qui lui plaisent tant, où il veut passer pour un chat de race ce qu'il n'est pas, où encore chaque petit moment passé auprès de sa maîtresse où on voit celle-ci prendre soin de lui. Le problème, c'est qu'il manque le petit truc en plus pour que ce soit drôle ou attachant. C'est juste vu et revu, point. Cela conviendra peut-être à un public jeunesse pour lequel ça semble avoir été écrit mais pas pour un public adulte plus exigeant.



Je n'ai pas accroché non plus au graphisme de l'autrice sur ce titre. Si c'est bien son trait habituel, quoique dessiné un peu trop hâtivement parfois, il manque les envolées lyriques que je trouvais dans les autres histoires que j'ai lues d'elle. La mise en page est de plus totalement classique, il n'y a pas le moindre petit angle de vue novateur ou la composition qui ferait mouche et embarquerait mon coeur, comme c'est pourtant le cas habituellement chez elle. Non, c'est très plat et conventionnel.



Je ressors donc un brin déçue par cette lecture. Ça me faisait plaisir de retrouver l'autrice mais ce titre est totalement banal et donc dispensable. Que ce soit les dessins ou les histoires, aucun n'a le petit truc en plus pour le démarquer des dizaines et dizaines d'histoires de chats qui pullulent sur nos étagères. Je me contenterai donc à l'avenir de ses titres sur orienté SF ou fantastique car c'est là qu'elle excelle !
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Le clan des Poe, tome 1

Moto Hagio est une autrice de shojo culte au Japon qu'on n'a eu que trop peu l'occasion de découvrir en France à part dans une Anthologie chez Glénat et avec le Coeur de Thomas chez Kazé. Pour pouvoir continuer à découvrir son oeuvre emblématique, il faut se tourner vers les Etats-Unis où une traductrice, fan de la mangaka, Rachel Thorn, met tout en oeuvre pour qu'on puisse la lire dans la langue de Shakespeare.



Poe no Ichizoku - The Poe Clan est une courte série de 5 tomes parue dans les années 1970 au Japon que l'éditeur Fantagraphics propose de découvrir dans deux volumineuses intégrales très qualitatives. La première est parue l'an dernier et la dernière doit sortir cette année. On y suit les aventures d'une famille de vampires à travers les siècles et l'Europe mais sans ligne temporelle claire puisque l'autrice s'amuse à raconter leur histoire sans aucun respect d'une quelconque chronologie.



Avec le Clan Poe, Moto Hagio revisite de façon très romanesque le mythe des vampires. Elle s'inspire pour cela de la littérature européenne et du courant romantique. Tout est drame dans sa saga ce qui est l'occasion de découvrir son trait sous son meilleur jour, c'est-à-dire dans de superbes envolées lyriques. Les personnages sont tous des héros romantiques en puissance qui vivent tragédies sur tragédies et en prime la mangaka aime entrecouper leurs pensées de citations littéraires prête à nous tirer des larmes. Pour ma part, j'ai aimé cela. J'ai vraiment retrouvé à travers ça ce qui me plait tant dans les shojos de ces années-là et que je pleure de ne pas pouvoir lire plus souvent en français à de rares exceptions...



Cependant l'oeuvre n'est pas d'un abord facile. La narration se fait souvent poussive, partant trop souvent dans un drame surjoué. le fait que les différents chapitres ne suivent pas une chronologie claire et qu'un chapitre peut se dérouler avant celui qu'on vient de lire et un autre entre deux déjà lus, n'aide pas à s'y retrouver. Les chapitres, en plus, n'ont pas la même longueur. Les premiers sont plutôt courts et on y voit très peu nos héros qui ne sont d'un décor en arrière-plan. Les suivants deviennent plus longs. Ce sont de véritables histoires indépendantes découpées en chapitres qui ne disent pas leur nom pour rythmer un peu cela et casser leur longueur parfois un peu trop importante. L'autrice y développe alors plus ses thématiques.



En effet, avec cette famille pour le moins originale, Moto Hagio en profite pour parler d'amour familial, de famille recomposée, d'adultère, de superstitions, de rumeurs, de pauvreté, de la vie de la noblesse, d'homosexualité, de suicide, de persécution ou encore de vie en pensionnat. C'est très riche. Mais le plus intéressant tient à l'ambiance fantastique qui recouvre petit à petit l'ensemble des histoires. On sent un mystérieux voile se déposer sur la famille et les gens qu'ils croisent qui peut parfois anesthésier et figer tout ce beau monde, ou juste mener à un carnage terrible, brutal et irréversible. On a vraiment ici une belle et marquante interprétation du mythe du vampire.



Les personnages qui les incarnent sont assez singuliers pour l'époque. Il y a d'abord un couple très élégant, dont on découvrira l'histoire, que j'ai trouvé assez sordide pour ma part... Ils sont accompagnés de deux enfants, frère et soeur, qu'ils ont adopté et c'est souvent à travers les amitiés que ceux-ci vont essayer de nouer que les histoires vont démarrer, car quelle solitude que d'être condamné à ne plus vieillir et donc à ne pouvoir rester nulle part à 13-14 ans. J'ai eu du mal avec Maribella que je trouvais trop irréelle. C'est vraiment pour moi la représentante parfaite de ces femmes faibles et fragiles que les hommes aiment tant protéger dans les vieux mangas. Ça la rend totalement transparente, sans substance et donc décevante. A l'inverse, son frère Edgar est très marquant. Il inquiète, il dérange. On a du mal à le cerner même après nous avoir dévoilé son histoire. C'est donc le héros parfait pour ce genre d'histoire. Quant à son acolyte Alan, il est tellement perturbé qu'il faut s'attendre à tout de sa part. Ils forment donc un duo détonant qui interpelle. L'autrice surfe sur les tabous de l'époque avec ce trio, relation quasi incestueuse entre le frère et la soeur, relation tendancieuse quasi homosexuelle entre les deux amis. Il y a de quoi faire couler beaucoup d'encre sur eux, mais je m'arrêterai là pour vous laisser le plaisir de la découverte.



Sachez juste qu'en le lisant on comprend le grand succès rencontré par ce titre à l'époque au point de faire un carton niveau vente au Japon et qui fait encore tellement parler de lui que l'autrice en a sorti un spin-off pour fêter les 40 ans de sa sortie en relié en 2016 et qu'elle continue à en proposer la suite aujourd'hui. The Poe Clan a vraiment une atmosphère à part.
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Le Clan des Poe, tome 2

Même pas un an plus tard, Akata nous sort la suite et « fin » provisoire de ce monument du manga dont nous pouvons nous délecter en grand format et pages couleurs. Quelle merveille !



Avec la seconde moitié des histoires sur ses chers Vampirella que Moto Hagio avait écrit dans les années 70, ce tome se garnit de moments fantastiques hors du commun, qui nous transportent totalement ailleurs, le temps d’une aventure qui semble déconnectée de tout et qui forme en fait un tout qu’on commence à deviner et qu’on nous confirme en fin de volume grâce à une chronologie, ô combien utile.



Tout le charme se joue dans les dessins et les compositions narratives de l’autrice qui a tout compris, à mon sens, de ce gothique romantique auquel elle emprunte tant. Avec une narration empruntant au fluide, elle nous immerge et nous berce dans l’étrangeté dans laquelle chaque rencontre avec Edgar emporte lecteur et personnages croisés. C’est magnifique d’efficacité et effroyable d’emprise aussi, car le charme de ce dernier est implacable. On se retrouve ainsi tour à tour pris dans son regard dans un internat privilégie pour garçons où l’un d’eux a tragiquement disparu il y a peu, au sein d’une famille d’élite avec querelle d’héritage et au cours d’enquêtes mélangeant art et mystère autour des vampirellas et d’une certaine famille. C’est excellent !



On passe cependant d’une époque à l’autre et sans la chronologie fournit à la fin, il aurait été facile de se perdre, même si l’autrice tente de faire des appels du pied à ses lecteurs. Les histoires ont cependant toute une aura de mystère qui fascine, qu’elles jouent plus la carte du huis clos scolaire, ou celui de la famille, celui de la campagne ou de la ville, celui du passé ou du présent. En navigant ainsi, l’autrice montre combien elle a compris le caractère éternel et transgénérationnel de la figure du vampire qui se transmet d’une époque à l’autre sans varier, continuant de nous fasciner. Elle reprend d’ailleurs les décors et les ambiances de cette horreur romantique allégé où les sentiments emportés des personnages se transfigurent à travers les pages, ce qui est splendide et emporte à la lecture.



Mais ce n’est pas tout. On retrouve encore et toujours des thématiques puissantes dans les histoires de l’autrice allant de la gestion du deuil, à la difficulté à élever un enfant, en passant par les querelles d’héritage, sans oublier la famille et l’amour, notamment à travers ces images suggérées d’amour interdit (différence d’âge, proximité familiale, homosexualité). C’est bien pour cela que les histoires nous transportent également autant et pas juste pour la figure fascinante d’Edgar et son étrange relation fusionnelle avec Allan, sur lequel il reporte l’image de sa soeur tragiquement disparue.



Cependant, comment ne pas rester sur sa faim à la fin d’une lecture aussi puissante où les histoires ne sont que de brefs passages dans la vie de ces héros romantiques que le destin bouscule. La dernière histoire étant particulièrement tragique et laisse un héros face à LA situation qu’il redoutait, j’espère vivement qu’Akata fera le choix de publier les histoires inédites (chez nous) de l’autrice sur cette univers qu’elle a repris dans les années 2010 et qui vient d’être annoncé aux Etats-Unis.



Sans surprise pour cette oeuvre culte, ce fut une nouvelle lecture envoûtant, perturbante, où j’ai été totalement transportée par le travail graphique et narratif de l’autrice, qui a su transposer ici avec fièvre et poésie tout la douce âpreté d’un certain romantisme gothique à la mode autrefois. C’est beau, c’est puissant, ça remue. Les personnages sont de vrais feu follet qui sèment le chaos où ils passent mais marquent les esprits et poursuivent inlassablement leur quête pour mettre fin à leur solitude. Poignant et indispensable. Donc indispensable d’avoir la suite 😉
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Le clan des Poe, tome 1

Le premier tome du diptyque"Le Clan des Poe" est un énorme volume paru aux éditions Akata qui regroupe une dizaine d'histoires parues entre 1972 et 1975. Les personnages rappellent souvent ceux dessinés par Yumiko Igarashi dans "Candy Candy" ou "Georgie", qui sont plus tardifs : grands yeux expressifs et longues boucles, on croit plus d'une fois rencontrer Candy ou Archibald au détour des pages. Mais l'ambiance rappelle plus "Entretien avec un vampire" d'Anne Rice. Les "vampanellas" de Moto Hagio sont des esthètes qui s'entourent de roses dans une ambiance gothique. Les personnages sont unis par une même nostalgie. J'ai mis un peu de temps à comprendre l'histoire, car les premières histoires ne sont pas présentées dans l'ordre chronologique. Mais une fois le cadre et les personnages posés, on se laisse porter par l'atmosphère, ces contes nimbés de mystère qui célèbrent la beauté éphémère. Les thèmes évoqués peuvent lorgner du côté de la perversité, avec les thèmes de l'inceste ou de la cruauté, mais de manière allusive, subtile, dix-neuvièmiste. Le mythe du vampire est réinterprété sous les auspices du romantisme noir, avec des métaphores obsédantes et une ambiance feutrée, parsemée ça et là par quelques orages, grandes orgues religieuses qui résonnent. On a souvent l'impression que le calme et la beauté sont du côté des "vampanellas" plus que des humains.
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Anthologie

Dans la catégorie "shojo" je découvre cette oeuvre précurseur de l'auteur Moto Hagio, on le classe dans désormais dans les classiques.

Pour ma part je n'ai pas adhéré du tout à l'histoire. les faits se déroulent dans le futur, dans l'université galactique chargée lors d'un examen qui a lieu tous les deux ans et demi de sélectionner les futures élites. J'y ai trouvé de l'hystérie collective, ces grands visages européens aux chevelures flamboyantes avec un vénération pour l'antiquité, un hermaphrodite. Bref on tombe dans la plupart des clichés du manga avec un net relâchement du dessin sur certaines planches.
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Anthologie

Une vraie claque ! Ce premier tome nous présente une auteur infiniment douée aussi bien en termes de narration, mise en page que dessin, c'est une vraie découverte. J'ai adoré "Nous sommes Onze" et j'adorerais lire ces autres oeuvres de SF. Il y a une vraie réflexion chez elle sur des thèmes délicats (surtout pour l'époque) telle que l'identité sexuelle. Chapeau !



Un second tome tout aussi réussi mais avec des histoires qui touchent plus à l'intime et dont l'horreur fait froid dans le dos. L'auteur a le chic pour partir de situations banales et y introduire peu à peu une dose de fantastique qui donne des frissons. J'ai beaucoup pour cela Mon côté ange, Pauvre maman et Le Coquetier. Par contre, Le pensionnat de Novembre faisait trop Coeur de Thomas au rabais...
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Le clan des Poe, tome 1

Avec toute la publicité sur Moto Hagio (avant, pendant et après le festival d'Angoulême), j'attendais beaucoup de ce premier tome du clan des Poe. Le contrat est en partie réussi !



Ce que j'ai aimé :

- le graphisme. Ce style, immédiatement reconnaissable comme ancien avec des visages aux traits épurés, des cheveux toujours soignés et un décor riche en détails (peut-être parfois trop ?).

- la quête d'identité : nos personnages affrontent la solitude éternelle entre regrets et remords, c'est tragique et puissant

- l'écriture : la narration se veut romancée et romantique. C'est assez entraînant ! Les dialogues entre certains personnages sont vraiment intéressants, notamment le personnage digne d'une tragédie grecque : Edgar.



Ce que j'ai moins aimé :

- le croisement des temporalités enrichit l'histoire mais désoriente volontairement le lecteur. Y avait-il une trame principale à la base ou est-ce que l'autrice a incorporé des éléments à son histoire afin d'explorer une thématique et de la raccrocher à un de ses personnages ? Cela semble parfois un peu bricolé.

- le design de certains personnages. Entre les vampires et les personnes qui gravitent autour d'eux, la ressemblance est parfois tellement troublante qu'il faut se concentrer sur quelques différences visuelles pour ne pas se tromper de personnage. J'ai fait beaucoup d'allers-retours avec le "trombinoscope" du début.

- l'image des femmes : avec une aussi belle couverture, j'espérais une héroïne badass. Marybelle peut paraître si insignifiante tant elle souffre de la comparaison avec Edgar. Ce dernier ne montre pas que des côtés "masculins", ce qui peut équilibrer, mais à chaque fois qu'on pense qu'il va y avoir une figure féminine forte, elle est assez vite éclipsée, je trouve.



Une lecture agréable, parfois un peu décousue, mais profondément riche et bien écrite. C'est avec plaisir que je vais lire le deuxième tome.
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Anthologie

Dernièrement, Glénat a eu la très bonne initiative de traduire enfin chez nous des oeuvres de Moto Hagio, mangaka culte au Japon depuis les années 70, mais encore largement oubliée chez nous. Et pourtant, au même titre qu'Osamu Tezuka ou Shotaro Ishinomori (qu'on continue de redécouvrir depuis peu aussi), elle est un membre essentiel de la bande dessinée japonaise, un classique. Une auteure culte d'ailleurs, puisque c'est une femme. On peut d'ailleurs se poser la question du pourquoi du comment que ses oeuvres ne nous arrivent que maintenant : Est-ce justement parce que c'est le travail d'une auteure et non un auteur ? Parce qu'étant un maître dans le domaine du Shojo, on pense que cela ne plairait pas forcément à un public encore trop masculin en majorité en France ?





Oui parce qu'officiellement, le shojo est considéré comme un genre féminin et à destination des jeunes filles. Officieusement heureusement, des auteurs de tous sexe y collaborent et des oeuvres contenant une certaine portée sentimentale et introvertie peut largement passionner les garçons. Sinon je ne vous en parlerais pas bien sûr (mais on me signale que mes déviances y sont probablement pour quelque chose. Ah bon ?). En fait, comme dans le cinéma, tout réside à la fois dans le traitement et la sensibilité de chacun. Prenons Junji Ito. Ce que l'on ne sait probablement pas ici, c'est que le bonhomme prépublie ses histoires horrifiques dans des magasines féminins nippons. Sauf que son lectorat va bien au delà de ça, que ce soit au Japon ou en France. Le studio Clamp ? Que des filles regroupées dans un même atelier pour des oeuvres qui fascinent tout le monde, petit(e)s et grand(e)s. Et même dans le domaine du shonen, supposément orienté garçons, de nombreux mangas sont très appréciés des filles. Tout comme le Seinen, à destination d'un public de jeunes adultes, essentiellement masculin qui peut considérablement passionner hommes comme femmes (Prenons par exemple le cas de Berserk...).





Celà étant posé, je me penche sur ce coffret Moto Hagio qui a pour volonté de justement témoigner une fois de plus de toute la richesse de thèmes et d'idées que peut nous donner un auteur. Car Moto Hagio, si elle utilise certains des codes du shojo plus ou moins sentimental en profite également pour bâtir des histoires complexes, émouvantes, voire tragiques avec un trait simple et épuré, des décors qui parfois restent abstrait mais une description psychologique implacable de ses personnages, nous les rendant attachants ou haïssables du premier coup. A travers deux ouvrages, "De la rêverie" et "De l'humain", ce sont donc 9 nouvelles de longueurs très différentes qui nous attendent. Le choix de deux livres thématique peut paraître arbitraire, il n'en est rien devant la beauté, la bonté et l'intelligence de ce qui nous submerge, quel qu'en soit le genre. Ainsi, De la rêverie regroupe 4 nouvelles portant sur des thèmes de science-fiction et de fantastique, là où De l'humain nous montre des nouvelles plus intimistes et contemporaines. Dans les deux cas, cela n'atténue en rien la force de ces histoires, croyez-moi.





Les deux histoires les plus longues (à moins de vous réserver un après-midi) et les plus passionnantes sont probablement le culte Nous sommes onze ainsi que Est et Ouest, un horizon lointain. Le premier, paru en 1975 et récompensé du prix Shôgakukan est l'histoire d'un examen final pour 10 candidats à l'académie spatiale. Il faut survivre près de 53 jours dans un vaisseau volontairement à la dérive pour valider complètement l'examen. Sauf qu'arrivés dans le vaisseau, ils ne sont pas 10 candidats mais 11. Qui est l'intrus ? Est-ce un traître là pour faire échouer tout le processus de sélection ? Ou bien l'ordinateur a t-il fait une erreur ? Toujours est-il qu'une difficile collaboration mâtinée de suspicion s'installe... Moto Hagio ici joue délibérément sur le huis-clos (en dehors du vaisseau, l'espace et les secours terriens ont ordre de ne pas intervenir) tout en traitant délicieusement sur l'introversion et le Genre (Au sens du "gender". Ainsi, le personnage suspecté en premier est l'unique "fille" du vaisseau. Enfin non, ce n'est pas tout à fait une fille car ce n'est qu'à sa majorité "qu'elle" pourra choisir définitivement son sexe par choix amoureux) en gardant un suspense que l'auteur de Dix petits nègres n'aurait pas renié. On est happé du début à la fin, impossible de lâcher l'histoire ou à contrecoeur. Est et Ouest, un horizon lointain est quand à lui, la suite de Nous sommes onze ! ...Mais une suite personnelle et tragique qui reprend des éléments et personnages esquissés dans Nous sommes onze pour les emmener sur un terrain bien plus politique. N'en doutez pas, là aussi c'est assez brillant et constamment tendu.





Plus contemporaines et intimes, voire intérieures, les histoires de De l'humain n'en sont pas moins étonnantes. A nouveau on retrouve ce trait qui incite à une certaine sensibilité et une fausse légèreté pour traiter de sujets plus graves qu'ils n'en ont l'air. La princesse Iguane par exemple traite de la difficile différence à être soi dans le monde et à s'accepter tel qu'on est. Rika, est vue depuis son enfance comme un Iguane né à la place d'un enfant-humain ou un humain à tête d'iguane. Hagio brouille les piste dès le départ car ce que l'on croit un problème purement physique s'avère en fait mental : La mère prend sa fille pour un iguane et de fait, brimée et constamment traitée comme moins que rien, Rika finit par s'accepter comme telle. Ce n'est qu'avec le temps et l'adolescence que son point de vue sur elle-même finit par changer. L'auteure dessine pourtant Rika avec des traits d'iguane avant que quelques rares cases montrant un point de vue extérieur nous montrent comment elle est réellement perçue par d'autres êtres humains. Dans Mon côté ange, plus courte, c'est la même problématique qui revient, mais d'une manière encore plus radicale à travers l'histoire de deux soeurs siamoises qui sont le yin et le yang, l'alpha et l'oméga : l'une est moche et semble dépérir, l'autre belle mais au Q.I proche d'un bébé. Si une opération pouvait miraculeusement les séparer avec toutefois le risque médical d'en tuer une, que se passerait-il ? Le pensionnat de novembre quand à lui, inspiré du film Les amitiés particulières de Jean Delannoy peut se voir comme un parfait complément au Coeur de Thomas de Hagio publié également chez nous. C'est en fait la même histoire mais d'un autre point de vue... Pauvre maman est un court récit cruel et ironique avec une légère touche de policier où Hagio s'amuse au cours d'une histoire publiée... pour la fête des mères ! Sans oublier Le coquetier qui renoue avec sa veine tragique auparavant déployée sur Est et Ouest mais sur fond de second guerre mondiale dans une France occupée.





Si vous voulez être surpris par une oeuvre originale et qui sait tout autant faire réfléchir que tenir en haleine avec un tracé fin et élégant, ne cherchez plus du coup, vous ne le regretterez pas. J'ajoute que le coffret est de très belle tenue, que la mise en page des deux tomes (argenté/doré) est des plus soignées et qu'on retrouve de petites notes concernant chaque histoire. Du très bel ouvrage à chérir en somme.
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Leo

L'histoire d'un chat qui sait parler (apparemment, c'est courant dans ce monde) vit chez sa maman (son humaine) mais a parfois envie de vivre comme un humain (aller à l'école, rencontrer des gens, travailler).

Si les quiproquos sont charmants, les petites histoires sont parfois un peu longues à se terminer. C'est gentillet...
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Le Clan des Poe, tome 2

Extrait :

Deuxième et dernier volume pour le clan des Poe édition héritage de chez Akata. Les dessins sont vraiment sublimes, même si je regrette de mélanger certains personnages par moment. L’intrigue est également toujours un peu déroutante, les personnages jouant autant entre eux, qu’avec nous. Pour Edgar, on dirait tout de même que la vie est difficile, puisqu’il n’a de cesse que de penser à sa défunte sœur. Cette dévotion à elle, rend Allan quelque peu jaloux, après tout, c’est lui qui vivra éternellement avec Edgar.



Ce deuxième tome continue dans la lancée du premier, avec des chapitres qui ne se suivent pas toujours et ainsi, qui déroutent le lecteur tout en peaufinant l’histoire de ses personnages. Même si cet aspect déroutant peu déplaire, personnellement, ce fût le contraire, c’était un plaisir de redécouvrir Marybelle en vie avec son frère, même si je savais que ça ne durerais pas. Edward, Marybelle et Allan ont tout de même vécus pendant plusieurs décennies voir plusieurs siècles, il serait donc possible de raconter leurs aventures pendant encore longtemps. Découvrir, page après page, rencontre après rencontre qu’elles ont toutes un lien entre elles, est un pur plaisir. Et même si les histoires ne se suivent pas dans le temps, elles ont tout de même un fil rouge pour les lier également, et suivent ainsi, un cheminement assez logique. Je ne me souvenais pas spécialement de certains personnages du premier tome, mais grâce au dessin, mais aussi au rappel de leur lien avec Edward et Allan, j’ai réussi à me souvenir.



Globalement, j’ai préféré ce tome au précédent, suivre les aventures d’Edward et Allan a été très plaisant. Piégés au même âge depuis des années, ça ne les empêche pas de pouvoir jongler entre des réflexions d’adultes et celles d’un enfant. Ils arrivent même à ce lier d’amitié ou à avoir de l’intérêt pour certaines personnes, même si celles-ci finissent par disparaître. Edward continue d’être torturé par la mort de sa sœur, quant à Allan il semble également assez mal vivre sa condition, ne pouvant pas vraiment faire ce qu’il veut, il se retrouve aussi coincé avec Edward. Leur histoire traverse pourtant les siècles, jusqu’à ce qu’un nouveau drame se produise et qu’ils semblent tout deux disparaître… Je suppose que l’autrice aimerait bien passer à autre choses, mais ses lecteurs en souhaitent plus. Il faut dire que l’histoire et ses personnages ont vraiment quelque chose d’addictif. Sans oublier les petites comptines, poésies que propose la série et qui participe au caractère de « petit lutin » des deux personnages.



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Anthologie de la rêverie

Avec la venue en grande pompe de l'autrice à Angoulême à l'occasion de l'exposition organisée pour sa oeuvre culte au Japon, Glénat qui avait fait partie des pionniers avec Kazé, a décidé de ressortir son Anthologie : de la rêverie et de l'humain, en une nouvelle édition grand format. Nouvelle édition ? Pas vraiment en fait.



Soulignons d'entrée que les possesseurs de l'ancienne édition, à part le fait d'avoir des tomes plus petits sans jaquette et dans un coffret, ne verrons pas une grande différence. Les textes accompagnant l'oeuvre n'ont même pas été revu, c'est un peu décevant cette absence d'ambition éditorial. On sent clairement que Glénat surfe surtout sur la vague Akata, qui lui a décidé de donner à l'autrice la place qu'elle mérite, et propose ainsi des tomes dans le même format que ceux-ci. Je salue cependant le premier chapitre en bichromie et les jaquettes que je trouve superbe.



Question contenu, ceux qui découvrent l'oeuvre auront le plaisir d'une introduction et d'une postface resituant l'autrice dans le contexte historique du manga, et d'incipit permettant de resituer chaque histoire dans l'oeuvre de l'autrice. C'est tout à fait bienvenue au vu de la place de celle-ci dans ce média avec tout ce qu'elle a fait, inventé, inspiré.



Les histoires de ce premier tome, elles, sont tout à fait représentatives de son oeuvre. Il y a d'ailleurs son chef d'oeuvre Nous sommes 11 qui occupe le coeur de ce volume et rien que pour lui, cette lecture est un coup de coeur. Les autres semblent plus modestes. le premier cependant, Rêve ivre, hommage à l'un de nos poètes, rappelle sont goût pour le drame et la tragédie. le dernier, lui, le petit flutiste de la forêt blanche, en plus de rappeler des opéras d'autrefois est une sorte d'annonce de ce que sera son grand succès : le clan de Poe. Ce sont donc des histoires historiquement fort intéressantes rien que pour cela.



Mais sincèrement côté plaisir de lecture, c'est Nous sommes 11 - Premier volet, qui emporte tout. J'y ai adoré voir des références aux anciens auteurs de SF que j'adore comme Asimov ou Le Guin. J'ai adoré ce côté Sa majesté des mouches + Agatha Christie. C'est ultra rythme, drôle et émouvant, surprenant parfois avec de belles punchlines et des personnages qui envoient du bois. Il y a une superbe créativité narrative visuelle. Et c'est rempli de thèmes de SF que j'affectionne comme celles sur le genre, les huis clos spatiaux, les académies spatiales, les objets stellaires non identifiés et j'en passe. Après, c'est très marqué années 70 et peut-être que le lecteur actuel sera moins friand et trouvera cela banal, mais remis en contexte, wow !



De ce fait, les autres textes m'ont semblé plus fade, en particulier sa suite : Est et Ouest, un horizon lointain, où j'ai eu l'impression que l'autrice se perdait à faire de prolonger et improviser la suite de son histoire. Exit le space opera si addictif et vertigineux de l'histoire originelle, place à un classique planet opera avec homme politique en déroute, en recherche de solution face à un rébellion. C'était long. C'était verbeux. C'était décousu. Je retiens surtout la belle ambiance sombre et dramatique qui s'intensifie au fur et à mesure, ainsi, qu'à nouveau les superbes compositions de l'autrice, mais ça ne m'a pas plu plus que ça...



J'ai été plus sensible aux côtés oniriques et poétiques de la première et dernière histoire. le Rêve Ivre m'a rappelé Ouke no Monshou, une vieillerie commencé 4 ans plus tôt mettant en scène l'Egypte ancienne. Il y a le même goût pour le drame antique. le petit flutiste de la forêt blanche, lui, a un trait plus ancien, plus rond, moins aventureux mais avec une belle ambiance à la Rackam, cet illustrateur de l'étrange Lewis Carroll dont il sait si bien rendre les ambiances singulières, ce qui est le cas ici, avec cette rencontre étrange. Alors même si les histoires ne m'ont pas autant emportée, les ambiances elles, vendent du rêve.



Pas forcément l'ouvrage dans son ensemble le plus indispensable de l'autrice, il contient cependant l'une de ses histoires phares, qui peut importe la décennie mérite d'être lue par sa vivacité narrative et sa beauté graphique : Nous sommes Onze, un modèle du huis clos en hyperespace ! Alors si vous voulez découvrir l'autrice à l'aide d'un de ces chefs d'oeuvre, foncez, en plus vous aurez ici un bel échantillon de son travail dans le rayon de l'imaginaire. Il est juste à souhaiter que Star Red ou Marginal qui sont régulièrement cités soient aussi édités
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Le clan des Poe, tome 1

Moto Hagio est une autrice très populaire au Japon, de la génération qu’on a pu connaître quand les mangas ont pointé le bout de leur nez à la télévision dans les années ’80. D’ailleurs, son style graphique n’est pas sans rappeler celui d’animés bien connus chez les fans féminines de la première heure comme « Candy » ou « Lady Georgie ». Autant dire : un régal avec ces grands yeux étoilés, ces cils interminables, ces chevelures envoutantes et des corps élancés, mince et gracieux pour parachever l’enchantement.



Quant au titre, il laisse planer une atmosphère sombre et romantique. On pense immanquablement à Edgar Allan Poe, à raison même si l’auteur américain n’apparaît à aucun moment dans ce recueil. Poe est un village mystérieux où vit une famille étrange composée de vampires – ici appelés Vampanella. Edgar et Allan sont deux jeunes hommes qui se lieront bien plus qu’on ne pourrait le croire. Mais l’aura de l’auteur du XIXe impose son style à la mankaga. Son romantisme gothique, la noirceur de ses écrits, auxquels Moto Hagio ajoute la magie mystérieuse de l’univers des vampires.



Avec Edgar, on découvre l’époque victorienne en Angleterre, les deux guerres mondiales en Allemagne et la réalité qui se mêle aux rêves fantasmagoriques d’une époque révolue mais tellement enivrante. Grâce à la mise en avant des visages de ses protagonistes, l’autrice magnifie son scénario et les émotions qui lient Edgar et sa famille adoptive, mais aussi et surtout avec Marybelle, sa sœur à qui il voue un amour au-delà de ce qu’on admet pour des personnes du même sang.



Un lien unique et chaste, comme l’entièreté des relations dépeintes, pour entretenir l’ambiguïté et l’imagination des lectrices assidues, aussi fleurs bleues qu’à la première heure. Sans oublier les risques incessants de se faire démasquer, ce qui peut amener certaines tensions… voire la mort définitive. Un chef d’œuvre rempli de nostalgie et de passion pour cette autre époque si romantique et mystérieuse.
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Le clan des Poe, tome 1

Que ces histoires datent en réalité des années 1970 (1972 - 1973 - 1975 selon l'histoire) et gardent en 2023 toute leur beauté, charisme et force d'impact est sans doute la plus grande et la plus pure magie de cette oeuvre aussi intemporelle que le clan des Poe.

Si la première fois que vous posez vos yeux dessus, vous redoutez ce côté dessins datés ou avez des craintes, oubliez les et venez les rencontrer et être emportés dans leur monde.

Avec cette oeuvre patrimoniale de Moto Hagio (Le Coeur de Thomas, l'anthologie ....) Akata a entamé un grand et beau projet qu'ils ont mis du temps à réussir à concrétiser.

Ils font naître la collection "Héritages" pour montrer la richesse du manga, son héritage, son patrimoine, pour déconstruire des préjugés tout comme nous pouvons en croiser dans cette histoire.

Et c'est avec cette oeuvre en 2 tomes qu'ils la lancent sur le marché.

Une histoire qui nous parle de vampires et qui est un shôjo.

D'autres ont déjà été annoncés, et c'est une collection à surveiller de très près, qui a aussi eu la bonne idée de se rendre immortelle et plus accessible en sortant en numérique.

Il faut aussi savoir que vous allez pouvoir passé un moment avec eux, mais pour votre plus grand plaisir, d'ailleurs le rapport au temps fera partie de votre exploration. Un livre d'un peu moins de 500 pages (490 pages exactement) qui a un univers riche, complexe et très intéressant à vous faire découvrir.

Il y a quelques illustrations au début et également à la fin. Toutes les chapitres sont sous-titrés. Nous avons le droit à une préface de Fausto Fasulo, le rédacteur en chef des revues Mad Movies et Atom et à la fin une postface de Miyako Slocombe, la traductrice du manga. Nous pourrons aussi noté la merveilleuse façon de mettre en avant les textes avec les roses, qui ont d'ailleurs une grande importance dans notre manga.

Il y a également quelques pages couleurs surprises au cours de la lecture du tome.

En ce qui concerne les histoires, elles jouent délicieusement et cruellement avec nous, déjà par le fait de ne pas être dans l'ordre chronologique. Elles sont faites de rencontres, de choix parfois bien difficiles, de liens qui se nouent et se dénouent.

Le graphisme est beau, il a une force en lui. Il a un côté évanescent, où parfois c'est même comme si plusieurs images s'emmêlaient ensemble.

Le texte est intéressant, à la fois beau, cruel et poétique, avec certaines mises en forme particulière qui renforcent l'impact.

C'est très bien pensé et mis en scène, le lecteur est facilement emporté, pris dedans, immergé. Ils se posera sans doute plein de questions, certaines il en aura la réponse.

Au début, nous rencontrons une famille pas totalement comme les autres, à la beauté irréelle, unis par plus que les liens du sang classique, appartenant à un clan millénaire, n'étant pas ce qu'ils paraissent. Une famille d'aristocrates, mais bien particulière. Nous rencontrons Edgar et Marybelle et voyons ce lien très fort et unique qui les unit. Edgar a l'air de quelqu'un de glacial, mais a-t-il toujours été ainsi ? Quand nous les voyons pour la première fois, ils ont cette beauté fascinante, cet aura. Ils ne peuvent plus grandir, alors il faut souvent bouger pour que les gens ne se posent pas trop de questions. Ce sont des vampires, des vampenella, des créatures immortelles mais tout n'est pas si simple et ils ont été humains.

Le moins que l'on puisse dire c'est qu'Edgar a bousculé à jamais le clan des Poe. Surtout que vous pouvez bien vous doutez que c'est un peu jeune de rester coincer dans le corps d'un garçon de 14 ans.

Nous suivons leurs vies à travers des années, des siècles, le temps passe inlassablement, mais il n'a pas d'emprise, du moins physique sur eux.

L'exploitation de la psychologie, des évènements où finalement tout peut arriver est très forte et impactante.

Je ne peux qu'encourager un maximum de monde à faire l'effort de découvrir cette oeuvre intemporelle, vous ne devriez pas le regretter.
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Le coeur de Thomas

Eh bien, sacrée lecture. Pour être honnête, je vais avoir du mal à en parler. D'une part car ça s'éloigne de ce que je lis au quotidien et que je ne possède donc pas l'ensemble des clés de compréhension pour réceptionner cette œuvre dans son entièreté. D'autre part car ça a été une lecture dense, dure, et que je réfléchis encore à mon ressenti de la lecture.

C'est mon 1er Moto Hagio et si le style (dessin, cadrage, découpage, rythme) m'a effrayée au début, je me suis facilement faite à sa narration et à son trait. J'ai eu plus de mal avec la 1ere qu'avec le 2eme, à vrai dire. Les dessins de Hagio sont charmants et raffinés, mais sa narration m'a de temps en temps perdue au milieu des ellipses et des cases superposées. Encore une fois, Le Cœur de Thomas appartient à une époque et à un style auxquels je ne suis pas habituée, d'où ma confusion à certains moments.

Ça ne m'a pas empêchée de comprendre l'histoire évidemment. Une histoire tragique, qui m'a baladée de personage en personnage le long des fils de l'amitié, de la rivalité, du deuil ou de l'amour. Les thèmes sont classiques (c'est un manga prenant place dans un internat, c'est très school life), mais percutants dans la violence qui s'en dégage. J'ai été un peu secouée par le décalage entre la narration très métaphorique et la réalité de certains événements. Ça jetait parfois comme un voile de confusion dont je ne savais pas quoi faire.

Les personnages n'ont pas été faciles à appréhender et à comprendre, mais j'ai été déçue, frustrée et un peu triste de les quitter. Je m'étais enfin attachée à eux et Arf les voilà qui font chacun leurs bouts de chemin, j'aurais aimé les voir ensemble plus longtemps. Si le manga porte le nom de Thomas, c'est plutôt un récit tourné sur les conséquences et la toile de liens qu'aura laissé ce personnage derrière lui. Une toile complexe à déchiffrer au début du manga mais qui finit par s'éclairer pour expliquer et justifier les comportements des personnages.

Voilà, je vais m'arrêter ici je pense, car j'ai pas grand chose d'autre d'intéressant à dire à propos de ce manga. Je ne connais pas assez la bibliographie de M. Hagio pour pouvoir dire si c'est le plus accessible de ses titres ou pas. Mais si, comme moi, vous n'être pas habitués à ce genre de titre vintage, préparez vous seulement à lire quelque chose de différent (ça fait du bien de changer)! Je n'ai clairement pas abordé tous les points et messages intéressants véhiculés par cette œuvre alors n'hésitez pas à découvrir par vous mêmes (en mediatheque car le manga n'est plus dispo...)
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Anthologie

Voilà anthologie d'histoires courtes de Moto Hagio, une des vénérables ancêtres du shôjo manga, présentée dans un coffret en deux tomes : "De l'humain", qui regroupe des histoires plutôt réalistes, et "de la rêverie", plutôt centré fantastique et science-fiction.



Dans "De la rêverie", une nouvelle se détache vraiment. "Nous sommes onze" est une de mes histoires courtes de sf préférées tous formats confondus. Lors d'un examen de l'académie spatiale, dix candidats de planètes différentes, aux motivations différentes, doivent travailler ensemble pendant 53 jours à bord d'un vaisseau spatial... mais ils sont onze, et personne ne sait quel est l'intrus ni ce qu'il souhaite.

Le reste de ce tome ne se compare pas. Ni la suite, qui fait plaisir à reprendre les mêmes personnages mais dont le scénario est moins original, ni "Un rêve ivre", une romance de réincarnation bien mise en scène mais qui n'est vraiment pas mon style, ni "Le petit flûtiste de la forêt blanche", un conte fantastique très charmant et un peu inquiétant mais dont le scénario est standard, ne m'ont autant séduite.



"De l'humain" n'a pas d'histoire qui m'a autant plu, mais j'ai trouvé la qualité plus élevée en moyenne. "La princesse iguane", qui aurait presque pu être classée en fantastique si les iguanes n'étaient pas une métaphore, une hsitoire assez dure mais qui reste optimiste sur les relations familiales. Sur les mêmes thèmes, "Mon côté ange", l'histoire troublante d'une jumelle siamoise. "Le pensionnat de novembre" est une sorte de premier jet de "Le coeur de Thomas", mais si le début est le même, les révélations sont différentes et très intéressantes. "Pauvre maman" et "Le coquetier" sont des histoires de meurtre, dont la seconde se passe pendant en France pendant la résistance, et où l'auteur met très bien en scène les relations et les personnages tordus.



Souvent, quand je lis de vieux shôjo mangas, je me dis qu'ils sont souvent sous-estimés à cause de leur dessin vieillot, mais que les scénarios étaient excellents, et celui-là vient confirmer cette impression !

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Le coeur de Thomas

Découvert par hasard en librairie, c'est son côté vintage qui m'a plu. Ce volume regroupe ici trois tomes publiés la première fois de 1973 à 1975 au Japon. Effectivement, iI m'a fait pensé au film de 1964 Les amitiés particulières de Jean Delannoy qui mettait en scène deux jeunes garçons qui découvrent le sentiment amoureux dans un pensionnat.



Au-delà de l'histoire d'amour et de la passion, Moto Hagio aborde aussi de nombreux thèmes comme celui du suicide, du deuil, les traumatismes de l'enfance, le poids du secret, la difficulté de vivre pour un adolescent et celle de prendre son envol. Les thèmes classiques, certes mais plus profonds qu'il n'y paraît au départ. La noirceur de l'histoire devait détonner dans ce qui se faisait à l'époque en matière de shôjo. Bonne surprise donc pour ce manga qui revêt un charme désuet avec des dessins typiques en ce qui concerne les yeux très expressifs des personnages.
Lien : http://fromtheavenue.blogspo..
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Le clan des Poe, tome 1

Pas réussi à le finir. C'est intéressant de découvrir un manga des années 70 et j'aime beaucoup les histoires de vampires, mais je n'ai pas pu accrocher au style. La première histoire m'a plu, mais le le côté volume collector était en trop pour moi, je n'ai pas réussi à entrer dans les différentes histoires qui suivent.
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Anthologie de la rêverie

Cette “Anthologie de la Rêverie” nous plonge dans l’imaginaire de Moto Hagio qui semble sans frontière. C’est le cas de la dire sachant que l’œuvre principale reprise dans ce tome se passe dans les confins de l’Univers. “Nous sommes onze” retrace l’examen d’entrée d’une prestigieuse université spatiale, avec un groupe de 11 candidats... sauf qu’ils ne devraient être que 10. L’occasion de profiter des soupçons de chacun pour présenter les protagonistes, tous originaires de planètes différentes, apportant son lot de us et coutume, voire même de génétique, distincts. La théorie du genre avant l’heure, abordée avec une certaine bienveillance, glissant sans y paraître ; sans choquer ni troubler. C’est ainsi et ça passe incognito dans l’aventure galactique.

Les deux autres récits sont plus oniriques, d’où le titre de cet ouvrage. Ce qui laisse rêveur. Mais n’est-ce pas justement le but recherché par l’autrice et les éditions Glénat ?! Le charme du trait de Moto Hagio opère complètement dans “Un rêve ivre” et “Le petit flûtiste de la forêt blanche” tandis que son histoire de science-fiction jongle entre plans rapprochés de qualité et plusieurs scènes survoltées proches de la caricature. Une énergie qui fatigue même un peu, alors quelle délectation de finir avec tendresse et pourtant une pointe de tristesse dans le dernier récit mettant des enfants en action. De la poésie délicate, enfantine et pourtant tellement tragique. Mais rêver, c’est à la fois palpitant, troublant et nostalgique. Ce qui est fort bien “résumé” dans cet ouvrage. Prochaine étape : la lecture de l’anthologie de l’humain, bientôt en chronique sur Samba bd !
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