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Citation de dourvach


Peu après, il se mit à pleuvoir, d'abord très innocemment, mais le ciel était chargé de nuages et peu à peu les gouttes se firent plus lourdes, jusqu'à ce que la pluie d'automne emplisse le ciel de son pesant murmure, qui dans sa tristesse évoque une cascade sans fin au-delà du monde. Elle couvre de sa grisaille le ciel tout entier, s'étend comme une maladie sur toute la région avec sa cruauté glacée, indifférente, immuable et monotone, égale. Elle tombe uniformément sur tout le district, sur l'herbe couchée des marécages, sur le lac piqueté de gouttes, sur les étendues de gravier d'un gris de fer, sur la montagne d'un noir de poix au-dessus de la ferme, obstruant toute perspective. Et ce lourd murmure désespéré se coule dans chaque recoin de la maison, se pose comme du coton dans les oreilles, encercle le proche et le lointain comme une saga sans romantisme tirée de la vie même, sans rythme, sans crescendo, irrésistible dans son ampleur et son étendue, accablante. Et voilà cette petite maison qui végète, avec cette femme malade des nerfs, au fond de l'océan de pluie bruissante.

[Halldor LAXNESS, "Gens indépendants" ("Sjalfstaett folk"), 1934-1935, traduit par Régis Boyer pour la Librairie Arthème Fayard, 497 pages, 2004 – Première partie : "Colonisateur de l'Islande", chapitre XI : "NUIT DE SEPTEMBRE", pages 76]
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