AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de patricebellocq


Arnold était devenu mon ami et il serait demeuré mon ami si ma mère ne m'avait convoqué un jour à ce qu'elle appela une "explication". Ma mère ne m'avait encore jamais convoqué à une explication et mon père non plus. Durant toute mon enfance et les premières années de ma jeunesse, il ne m'était jamais arrivé d'être convié à une explication ou même à un semblant d'explication. Pour communiquer avec moi, mon père se contentait d'ordres brefs et de directives de travail, et quand ma mère me parlait, ce qui arrivait, la conversation débouchait toujours sur mon frère Arnold et s'achevait par des larmes et par le silence. Ma mère aborda l'explication en déclarant que j'étais à présent, assez grand pour apprendre la vérité. "Quelle vérité ?", demandai-je à ma mère car je craignais qu'il pût éventuellement s'agir de moi. "Il s'agit, dit ma mère, de ton frère Arnold." D'un coté, je fus soulagé d'apprendre qu'il s'agissait une fois de plus d'Arnold, mais en même temps, j'enrageais. "Qu'est-ce qu'il se passe avec Arnold?" Dis-je, et ma mère sembla à nouveau au bord des larmes, ce qui m'amena spontanément mais un peu étourdiment, à demander s'il était arrivé quelque chose à Arnold, question à laquelle ma mère répondit d'un air perplexe. "Arnold" dit ma mère sans autre préambule, "Arnold n'est pas mort. Il n'a pas non plus succombé à la faim. ce fut à mon tour d'être perplexe et aussi un peu déçu. mais au lieu de me taire, je demandai à ma mère, de nouveau sans trop réfléchir, de quoi Arnold était-il alors mort. "Il n'est pas du tout mort", dit ma mère une fois de plus, et sans la moindre émotion, "il a disparu"
Commenter  J’apprécie          10









{* *}