Harald Franssen

Comment naquit la sécurité sociale belge, négociée clandestinement pendant pendant l’Occupation entre patrons et syndicats, « oeuvre de compromis saupoudrée de gros bon sens bien belge » imposée à la Libération sur les ruines du pays. Harald raconte cette épopée par le regard de deux enfants qui espionnent leurs discrètes réunions. Il alterne ce récit avec celui de l’hospitalisation de sa propre fille à sa naissance et de l’opération à coeur ouvert qu’elle subit, ainsi que ceux d’autres destins tragiques qu’il a croisés à cette occasion.

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Le défi n’était guère évident : passionner des lecteurs pour l’histoire de ce « Pacte social » et c’est bien cette forte implication personnelle qui lui a fait mesurer l’ampleur et l’importance vitale de système de ce solidarité, et lui a permis de réussir cette transmission.



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Voilà un défi que j'ai toujours trouvé passionnant : comment transmettre des idées à travers une histoire ? Comment faire passer un message ? C'est franchement casse-gueule et compliqué ! Et encore plus en BD, à mon avis, car l'image prend une place importante qui ne peut pas être négligée au profit du propos. Alors, raconter l'histoire de la sécurité sociale belge en bande-dessinée, ça doit être un des défis les plus difficiles à relever ! Expliquer la complexité d'un système essentiel de solidarité, sa genèse et ses enjeux, ce n'est déjà pas simple mais en plus transformer ça en un album facile et agréable à lire, c'est une gageure ! Harald relève le défi haut la main !

Et son secret est une histoire de cœur et de point de vue. Pour nous embarquer avec lui, il nous raconte l'opération du cœur de sa fille à la naissance. Quelle chance ce système efficace de soins de santé ! Pour nous rappeler d'où nous vient cette chance, il évoque l'époque de la révolution industrielle, où une naissance pouvait tourner au cauchemar en cas de problème si on n'avait pas de quoi payer le médecin. Et pour bien comprendre le chemin parcouru entre temps, il raconte l'aventure des inventeurs de la Sécurité social, un groupe clandestin qui se réunissait pendant la seconde guerre mondiale. Tout y est, toutes les étapes, les discussions, les détails ! Sans jamais être ni pesant, ni ennuyant parce que soudain ces grands hommes sérieux se transforment sous ses coups de crayons en animaux facétieux. Ils sont drôles, ils sont inventifs et ils utilisent sans cesse des images qui facilitent la compréhension de leur propos. La sécurité sociale devient simple à comprendre quand ils la transforment en un beau pommier aux multiples racines qui nourrissent un tronc commun pour redistribuer de l'énergie à toutes les feuilles pour qu'elles se portent bien et, à leur tour, contribuent à maintenir ce bel arbre vivant. La construction de ces récits multiples en parallèle rend l'album dynamique et très souvent drôle. Harald m'a embarqué avec lui, au rythme du cœur de sa fille. J'ai parcourru la BD en retenant mon souffle avec eux. J'ai redécouvert la sécurité sociale sous un aspect tellement plus humain et vivant. Et je me prends à retourner feuilleter l'album pour revenir sur l'un ou l'autre détail historique ou politique qui m'avait échappé. Tout y est et pourtant j'ai dévoré la BD à ma première lecture. Défi relevé avec brio, subtilité et du cœur ! Beaucoup de cœur !

Trois histoires parallèles. Louise nait avec une malformation cardiaque et doit être opérée bientôt. Chacun de ses sommes nous transporte dans une autre époque : celle de la deuxième guerre mondiale, lorsque des hommes se réunissaient secrètement afin d'élaborer ce qui deviendra la sécurité sociale. Quand c'est au tour de son père de sombrer dans les bras de Morphée, nous partons pour le XIXe siècle et la vie âpre du petit peuple.



C'est très didactique comme bande dessinée mais l'alternance avec l'histoire de Louise permet au lecteur de tenir la longueur (126 pages quand même). Le dessin est rond, coloré, plutôt agréable. On comprend bien d'où vient la sécu et ce qu'elle nous apporte au quotidien. Co-éditée par la FGTB, on pense à de la propagande, même si on adhère clairement au message.