Sans plus détacher son regard de son but, il reprit sa marche le cœur battant, traversa le pont et vit le camp se rapprocher à chaque pas : un Trou noir, d'où rien ne pouvait s'échapper. C'était l'autel, la véritable centrale électrique du fascisme. Existait-il quelque part sur terre un endroit où on avait fait le bien dans les mêmes proportions que le mal ici ? Si l'enfer avait cette filiale sur terre, où donc était celle du ciel ? Elle n'existait pas, car seul l'enfer existait, pas le ciel. Cet endroit était exactement l'opposé du paradis, même si le paradis n'avait jamais existé.
(Auschwitz 1967)